Chavenay-Villepreux, un destin partagé entre avions et planeurs.

PaysFrance
DépartementYvelines
NomCHAVENAY-VILLEPREUX
Autre appellationN/A
Commune (s)CHAVENAY
Coordonnées48°50'29.4"N - 1°58'56.5"E
OACILFPX
SituationCHAVENAY
UtilisationDe 1937 à aujourd'hui (ADP)
Infrastructure : un hangar (MJ Dumont)
Autres rubriques

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Anciens aérodromes Val-de-Gally plan Chavenay-Villepreux Yvelines aviation

Localisation

L’aérodrome de Chavenay avant guerre

Dès 1930 une enquête publique est ouverte pour la création d’un aérodrome à Chavenay. En 1936 paraît l’arrêté du Ministère de la Guerre portant création du terrain. Le premier hangar est construit en 1937, et les premiers aéro-clubs s’y installent, cohabitant avec des avions militaires de reconnaissance :

  • pour pratiquer le vol à moteur : 2 aéro-clubs, Boulogne-Billancourt, fondé par Paul Ducellier, et Clichy-Levallois, tous deux section de l’aviation populaire,
  • ou pour pratiquer le vol à voile : l’Aéro-Club du 17ème Arrondissement, baptisé Aéro-Club des Cormorans ; équipé d’Avia 11-A et 15-A, également section de l’aviation populaire.

Le 29 janvier 1938, l’Armée de l’Air classe l’aérodrome de Chavenay comme une annexe du terrain de Saint-Cyr: une école de formation des pilotes militaires pour la défense du territoire y est installée (qui sera transférée à Salon-de-Provence après guerre). En 1939, l’État construit un second hangar et interdit le terrain à la circulation aérienne publique, sauf aux avions « basés », c’est-à-dire ceux des trois aéro-clubs déjà présents : l’Aéro-club de Boulogne-Billancourt dispose de 10 avions, celui de Clichy-Levallois-Neuilly de 6 avions, et celui du 17ème Arrondissement de 5 planeurs.

Malgré l’interdiction de la circulation aérienne, et l’ambiance de préparatifs de la guerre, le 26 mars 1939, une grande manifestation aéronautique populaire en faveur des enfants des écoles est autorisée par le chef d’état-major de l’Armée de l’Air : concours de modèles réduits, présentation de planeurs et d’avions, acrobaties, baptêmes de l’air… A l’approche des hostilités, les appareils bimoteurs Potez 63 et Léo 20, du Camp de Frileuse et ceux de Chavenay s’entraînent ensemble au combat aérien sur les deux sites, qui se voient abondamment bombardés (au plâtre !). Les fermes avoisinantes sont réquisitionnées pour loger les aviateurs.

En mai 1940, le terrain est fermé. Curieusement, il est délaissé par les Allemands, qui préfèrent celui de Beynes. Le terrain est alors loué à Monsieur Soyer, fermier de Brétechelle, qui y fait paître 500 brebis. Les bêtes resteront, après les hostilités, chargées de la tonte de l’herbe jusque vers 1965/1970.

En août 1944, la population entière participe à la remise en état du terrain d’aviation. Dès l’armistice de 1945, l’aérodrome passe sous l’autorité du Ministère des Transports et retrouve son activité civile, réservée aux avions « basés ». Des ateliers de la société Caudron assemblent sur ce site des bimoteurs Goéland.

Un Aéro-Club Gaston Caudron est reconstitué le 10 avril 1945 par sept membres fondateurs, dont Jean Melleton et Maurice Tabuteau, pilote au passé aéronautique prestigieux. Il s’agit du redémarrage de l’Aéro-Club d’avant-guerre, initialement fondé en 1934, comme section de vol à voile de l’ancien Club Olympique de Billancourt. L’objectif était alors de permettre aux personnels des usines Caudron et des usines Renault de pratiquer le vol sans moteur.

Pour cela, le club avait reçu en 1937 en don un avion-remorqueur Caudron : le Luciole FAOFX. Caché aux Mureaux durant la guerre, il sera récupéré par le club en 1945, et conservé jusqu’à aujourd’hui où il est exposé au Musée de l’Air et de l’Espace, au Bourget.

Sous l’impulsion de Jean Melleton (déjà instructeur au Centre national de Beynes) nommé chef-pilote à Chavenay, l’activité de vol à voile va prendre un essor considérable, amenant le club au rang de second club de France pour son activité en 1949, avec, cette année là, plus de 1 000 heures de vol, et plus de 90 brevets B, C et D, ainsi qu’un « Insigne d’Or » E, après un premier insigne de ce niveau l’année précédente.

Puis à l’été 1946, le club élargit son activité au vol à moteur, sous la direction du chef-pilote Gaudin, assisté d’Yvonne Jourjon comme monitrice. Dans cette discipline, l’activité devient permanente à compter de 1948. En 1949, le club affiche 900 heures de vol, et 21 brevets des 1er et 2e degrés.

En 1947, Chavenay est à nouveau ouvert à la circulation aérienne publique. Le terrain n’a pas encore de piste balisée : avions et planeurs en décollent et s’y posent « face au vent ». À compter du 20 novembre 1948, l’aérodrome est rattaché à l’Aéroport de Paris qui vient d’être créé. L’Etat y base une activité d’essais en vol de planeurs. L’Aéro-Club Air-France rejoint rapidement ce terrain. De 1949-1960 c’est  la grande époque du vol à voile.

Bien que l’aérodrome n’ait été rouvert à la circulation aérienne civile qu’en 1947, dès 1945 des ateliers sont installés dans certains des hangars de Chavenay pour assembler des bimoteurs Goéland, la destruction de l’usine Caudron d’Issy-les-Moulineaux par bombardement ayant imposé de trouver un nouveau site d’assemblage. En 1956, des Goéland sont encore utilisés pour la liaison et pour l’entraînement au pilotage des bimoteurs, ainsi que pour celui des équipages d’Air France à la navigation et aux procédés d’atterrissage sans visibilité. Ils affichaient alors quelques 22 ans de carrière.

À partir de 1960, le retrait de l’État dans l’appui donné aux aéro-clubs se traduit par la suppression du prêt de planeurs et d’avions remorqueurs. Cela déclenche une grave crise dans la pratique de ce sport, qui durera plus d’une dizaine d’années.

Nouveau coup porté aux vélivoles : en 1968, du fait de nouvelles règles applicables à l’espace aérien de la Région Terminale de Paris, la pratique du vol à voile se réduit, à Chavenay, dans un premier temps à une activité d’école à basse altitude . Puis, vers 1969, un nouveau projet manque encore de bouleverser le paysage aéronautique local : Aéroport de Paris étudie le projet d’un «Grand Chavenay», de l’importance de Toussus-le-Noble, destiné à l’aviation d’affaires. Mais devant l’insistant refus des riverains, le projet est abandonné.

Enfin, en 1974, avec l’ouverture de Roissy, l’espace aérien à l’Ouest de Paris est une nouvelle fois modifié : le « plafond » octroyé à Chavenay est fixé, pour le « vol à vue », à 1 500 pieds(450 m). L’activité vol à voile est définitivement interdite à Chavenay. Plus un seul planeur ne vole à Chavenay après le 15 septembre 1974.

L’essor du vol à moteur

A partir de cette période, à Chavenay l’Aéro-Club Gaston Caudron se concentre exclusivement sur le vol moteur, avec une activité soutenue: en 50 années depuis sa fondation, l’aéro-club a réalisé plus de 35 000 heures de vol, et décerné plus de 400 brevets de pilotes avion. En 2008, il dispose de 4 avions : un bi-places de loisir, un tri-places d’école et de voyages, un quadri-places polyvalent, et un sexti-places de voyage.

En 1968, sous la présidence de M Chaffault, le Cercle Aérien Peugeot, créé sur l’aérodrome de Saint-Cyr en 1938, vient se loger sur celui de Chavenay. Sa flotte actuelle se compose d’avions de voyage performants, à la disposition de ses 100 membres, entretenus sur place dans un atelier agréé exploité bénévolement.

Le départ des vélivoles, et la réorganisation de l’espace aérien attirent à Chavenay plusieurs aéro-clubs très dynamiques, au premier rang desquels l’Aéro-Club Jean Bertin, qui possède alors l’une des plus belles flottes de Chavenay, avec plus de 10 avions, flotte qui s’est encore développée de nos jours. En avril 1974, c’est le Club Aérien du Ministère de l’Intérieur (CAMI), longtemps basé à Toussus-le-Noble, qui vient s’installer à Chavenay. Réservé aux personnels du ministère, il possède 7 avions.

L’évolution récente de Chavenay

Chavenay Anciens Aérodromes photo

Entre 1974 et 2002, on procède à une restructuration complète de l’aérodrome : construction d’une tour de contrôle en 1976, création d’un second front de hangars, remodelage des pistes, ouverture d’une station d’essence. En 1977, Chavenay atteint son pic d’activité, avec 143 000 mouvements. Cela va déclencher un mouvement de protestation des riverains, et de limitation des flux : l’utilisation des deux pistes simultanément est interdite. À partir de 1995, pour limiter les nuisances sonores dont se plaignent les riverains, un groupe de travail de concertation présidé par le Maire de la commune sous l’impulsion du sous-préfet a été mis en place. Grâce à la participation de toutes les parties prenantes, il a permis de déboucher sur un protocole d’accord, qui a rendu l’activité de l’aérodrome acceptable par tous : interdiction des vols-écoles à l’heure du déjeuner les fins de semaines et jours fériés, équipement de silencieux pour les 24 avions-écoles, meilleur cadrage du «tour de piste ».

En 2006, l’aérodrome occupe 48 ha. Ses 2 pistes en herbe mesurent 820 m x 60 m et 700 m x 80 m. 15 hangars hébergent 9 aéro-clubs: Jean Bertin, Caudron, Renault, Dassault Île de France, Caron Aviation, Aviation et relations culturelles (ARC), le Cercle Aérien Peugeot, le Cercle Aéronautique du Ministère de l’Intérieur (CAMI), le Centre d’Entraînement à la Voltige Aérienne (CEVA).

Extraits de Cent ans d’aéronautique au Val de Gally – Nos remerciements à Michèle Seignette et Philippe Pâris. Ont également participé à la création de l’ouvrage : Christian Bernadat et René Seignette +

Fiche Aériastory – 2020