Évreux – Anecdotes et présence US

Les couleurs sur la base us d’Évreux (Patrimoine et Culture Aéronautique BA105)

Meilleur souvenir d’Évreux
« Working 16-hour days 7 days a week and then picking up rocks during the weekends in addition. The closeness of the crew in Engine Conditioning and the capabilities those young airmen had. It seemed like most of the time half were deployed to support 322nd Div operations off station. They all performed in outstanding fashion. »
– Travailler 16 heures par jour sept jours par semaine, puis ramasser des roches pendant les week-ends en plus. La proximité de l’équipage dans le moteur de conditionnement et les capacités qu’avaient ces jeunes aviateurs. Il semblait que la plupart du temps la moitié ont été déployés pour soutenir les opérations de la 322e DIV hors base. Ils ont tous effectués leur mission de façon exceptionnelle – (Extrait de Washing Fatigues in AvGas, Living in a 27 ft trailer on Base)

Paris, Pigal, Christine the food in Évreux the bars the, women in Paris and Évreux -a bar maid nic named rtm, first flt. in a t -bird -first jump at st. Andre ». Paris, Pigalle, Christine, la nourriture à Évreux, les bars, les femmes à Paris et Évreux – premier vol et premier saut sur St. André – ( Témoignage Rex P. D`ozier avril 1964 au CAMS 317th

 

Été 1964 : Pierre Béry travaille à l’hôpital américain de Saint-Michel. Ce retraité garde un souvenir ému de cette époque où il travaille pour les Américains. Interrogé à l’âge de 71 ans, il garde un « souvenir ému » de cette époque où, adolescent, il est recruté par les « Ricains » deux étés de suite. Cette « chance », il la doit à ses connaissances en anglais langue qu’il avait appris au lycée. « J’ai été recruté après avoir réussi des tests dans la langue de Shakespeare, se souvient le directeur adjoint de la Mutualité sociale agricole à la retraite. Quelle n’a pas été ma déconvenue quand, affecté au bureau des transmissions, j’ai été confronté à l’anglais, ou plutôt l’américain, tel qu’on le parle vraiment. Ce qui me changeait de l’anglais académique enseigné au lycée. »

Pierre Béry Ambulancier sur la Base US en 1964 (Patrimoine et Culture Aéronautique BA105)

Le jeune Pierre, alors âgé de 17 ans, découvre le parler militaire américain, voire l’argot. « Sans parler de la difficulté de comprendre l’accent du Texas et celui de l’Alabama, qui n’ont rien à voir avec celui d’Oxford. Après bien des difficultés, cela a été une expérience très enrichissante et réussie puisqu’on m’a confié, au bout d’un mois, le job de standardiste. »
Trois Français, dont Pierre Béry, travaillent aux côtés des standardistes américains. « Nous travaillions huit heures par jour. La nuit, le standard n’était pas tenu par les Français », se souvient l’eurois. L’été suivant, en 1964, Pierre Béry tente à nouveau d’obtenir un job d’été à la base aérienne. L’occasion pour lui de financer ses études de droit à la faculté de Rouen. Mais, pas de chance, le poste de standardiste est déjà pris. Il trouve toutefois un boulot de « plongeur » à l’hôpital américain de Saint-Michel. Il a notamment pour tâche de remplir et de vider les machines à laver la vaisselle.
Pierre Béry garde de ses expériences de « solides amitiés », même si l’Atlantique le sépare de ses amis.

 

Héritage de ce passé, Coco a été l’emblème de la serre d’Évreux pendant près de 40 ans ! Cet ara fut importé d’Amazonie par des militaires US stationnés sur la base 105. Bien mal a pris à ceux qui ont tenté de le voler ! Il avait un caractère épouvantable, il pinçait, mordait et poussait des cris effrayants. De ce fait Coco était vite ramené à sa cage…

L’Ara coco emblème de la serre d’Évreux (Patrimoine et Culture Aéronautique BA105)

Un sergent américain raconte

« Lorsque j’ai été affecté à cette unité, j’ai travaillé avec une équipe qui a réparé et conduit des véhicules et des équipements du chantier de sauvetage à Évreux pour l’unité de sauvetage de Rhein-Main. Cela en prévision du retrait de la France de l’OTAN et de la fermeture des bases américaines en France. »
– NCOIC of Personal Equipment / Survival branch of the Base Equipment Management Office”. Capps, William, T/Sgt –

Lors de ses deux dernières années d’exploitation, Évreux devint une base VIP par laquelle transitèrent toutes les personnalités américaines, civiles et militaires devant se rendre à Paris pour des visites officielles ou diplomatiques. L’effectif restant était de 1.548 militaires, 69 employés civils américains, 422 employés français et 2.441 familles américaines. Toutefois, les départs s’accélèrent et l’on vit les bâtiments se fermer au fur et à mesure des transferts d’activités. Ce qui laissa bientôt près de neuf cents civils français sur le carreau.

Insigne du 513ème Troop Carrier Wing (Patrimoine et Culture Aéronautique BA105)

Le 24 novembre 1964, les C-130 d’Évreux transportèrent des parachutistes belges menant une mission de sauvetage à Stanleyville (actuelle Kisangani) en République Démocratique du Congo. Quelques jours plus tard, une mission similaire eut lieu sur la ville de Paulis (actuelle Isiro).
Le 7 mars 1966, le Président Charles De Gaulle annonça que la France se retirait de l’OTAN. Les États-Unis devaient évacuer leurs forces de France avant le 1er avril 1967. Le 513e Troop Carrier Wing de Sewart AFB (Tennessee) arriva sur la base le 15 avril 1966 pour accélérer le transfert du matériel américain vers l’Allemagne et le Royaume-Uni.
Le 30 juin 1966 à 13h30, le premier C-130 quitta Évreux pour l’Angleterre, l’escadron repartant pour Mildenhall (Suffolk) le 26 mars 1967. Durant le mois de mars, la base de Saint-André fut discrètement fermée, ce centre de support aérien ayant été installé en 1956 pour approvisionner par air toutes les unités américaines stationnées en Europe. Deux cent cinquante parachutistes avaient assuré son fonctionnement avec une dizaine de civils principalement reclassés.

Extrait journal Le Monde du 24.12.1966
« L’employé français, transféré par exemple en Allemagne, continuerait à percevoir le salaire le plus favorable si des différences existaient à poste égal entre les deux pays. De même, l’employé et sa famille seront remboursés des frais de voyage et de déménagement, auxquels pourraient s’ajouter une indemnité supplémentaire variant de 188 F à 625 F. Enfin, une prime journalière d’éloignement (de 12.50 F à 15 F pendant un an pour un chargé de famille, ou de 9,40 F à 10,60 F pendant un mois pour un célibataire) sera versée à l’employé qui garderait son domicile en France. Une fois par mois il pourrait se rendre gratuitement dans sa famille ».
Il était cependant impossible d’évaluer le nombre de travailleurs français qui accepteraient ces conditions. On pouvait seulement supputer que resteraient les ouvriers étrangers (soit 2 % des vingt mille civils au total – dont 25 % pour la seule région parisienne) ayant tout à gagner à suivre le mouvement. Quant aux travailleurs frontaliers de l’est de la France, ils pouvaient être intéressés par les bases américaines stationnées en Allemagne, Belgique ou aux Pays-Bas.
De juillet à décembre, l’armée US licencia près de deux mille quatre cents membres du personnel. Près de mille cinq cents personnes choisirent de partir volontairement. 30 % du personnel licencié se seraient inscrits comme demandeurs d’emploi ou se reconvertirent.
Selon Jean Bernay, en rapport avec le chargé des relations publiques de la base depuis 1955 : « Un jour, une journaliste parisienne est arrivée pour faire un reportage. Nous étions au club des officiers. Elle me posait des questions et je servais de traducteur pour l’officier américain. Nous bavardions pas mal sans que je juge nécessaire de tout traduire. Mais cette discussion ne fut pas du goût du chargé des relations publiques qui fit rapport au colonel, estimant que je n’avais pas fait mon travail. J’ai été licencié dans les 48 heures… après onze années de travail. J’ai reçu trois mois de salaires et des indemnités du gouvernement pour ma reconversion. Du point de vue des Américains, il aurait fallu dire que De Gaulle était un salaud. »

Commandants de base américains

Clyde Box

Joseph A. Cunningham

Robert D. Forman

John B. Wallace

Tarleton H. Watkins et Charles W. Howe

 

Insigne 322ème EASTAF (Patrimoine et Culture Aéronautique BA105)

(Patrimoine et Culture Aéronautique BA105)

 

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Article réalisé en complément du livre Collection Aérodromes n°11 Évreux – Fauville