La Formation
Un élève officier de réserve (EOR) est un futur officier (débutant initialement au grade d’aspirant) dans l’armée française. En principe, cet officier n’est pas formé en vue de faire carrière dans l’armée, mais d’y servir de manière ponctuelle, en tant que membre des forces de réserve.
Cours pratiqué dans une classe d’élèves officiers de réserve (Patrimoine et Culture Aéronautique BA105)
Pour les futurs EOR, tous les chemins mènent à la…. Base Aérienne 105
Entrée de la base Aérienne 105 à l’époque des classes d’EOR (Patrimoine et Culture Aéronautique BA105)
La formation des EOR
La formation des EOR a pour but de fournir à l’armée de l’air des officiers de réserve aptes à tenir pendant leur service militaire les mêmes postes que les officiers subalternes de l’armée d’active. Elle doit donner à chacun une conscience précise du rôle futur de l’officier de réserve de l’armée de l’air au sein de la nation. Selon ces principes, cette formation d’une durée totale de 12 semaines qui se décompose en deux phases [formation militaire et générale (5 semaines), spécialisation (7 semaines)] doit permettre de développer, chez les élèves officiers, les qualités indispensables à tout officier et notamment :
– l’esprit militaire
– la pratique du commandement
– le goût des responsabilités
– les connaissances militaires et l’information sur l’armée de l’air nécessaires à tout officier de réserve
– les connaissances particulières à l’exercice de la spécialité vers laquelle ils auront été orientés.
Principes généraux
Du temps de la conscription, l’officier de réserve est destiné à exercer des responsabilités d’officier de rang subalterne, durant son service national, pouvant être prolongé éventuellement de façon transitoire par un contrat de réserve en situation d’activité, puis à être versé, à l’issue, et le plus souvent sans transition, dans la réserve. Dans cette position, il peut, ou non, effectuer des périodes militaires ponctuelles, soit d’entraînement et de perfectionnement, soit opérationnelles.
Pour constituer ces ensembles d’officiers de réserve, les armées ont mis en place, après la Première guerre mondiale, des cursus de formation d’élèves officiers de réserve avec des modalités diverses ayant évoluées dans le temps.
Insigne de la Préparation Militaire Supérieure (Patrimoine et Culture Aéronautique BA105)
L’accès par la Préparation Militaire Supérieure ou PMS
Avant d’être accueilli au Groupement Ecole 306, le candidat EOR doit franchir plusieurs étapes, gage de la qualité de la sélection. Deux voies peuvent l’amener à l’escadron des élèves officiers de réserve (EEOR). Une sélection consiste à effectuer une préparation militaire supérieur (PMS) qui se compose en deux phases : deux périodes bloquées de trois jours, puis, si le candidat volontaire pour servir l’armée de l’air est retenu, une période bloquée de 21 jours à Évreux. Lors de son appel sous les drapeaux, il est incorporé directement au peloton EOR . S’il réussit, il est nommé aspirant quatre mois après. L’autre solution, dite « sélection » consiste pour ceux qui n’ont pas suivi la PMS à se porter volontaire dans la semaine suivant leur incorporation. Le candidat, au même titre que tous les appelés, suit alors l’instruction militaire, dispensée dans les centres d’instruction. Au peloton des élèves gradés (PEG), il doit au minimum obtenir la note correspondant à l’attribution du grade de caporal-chef. De plus, en fonction des critères sportifs, militaires, universitaires et de motivation, une note donnée par la direction des personnels militaires de l’armée de l’air permet d’établir un classement. Les premiers, sous réserve qu’ils réussissent aux tests du PEG, rejoignent l’escadron des élèves officiers de réserve deux mois après leur incorporation.
Contrôle et notation des connaissances théoriques :
– Armement, instruction technique du tir (ITT)
– Nucléaire, biologique, chimique (NBC), transmissions
– Défense nationale
– Connaissances militaires générales
– Protection défense des points sensibles
– Secourisme
– Topographie
– Cérémonial militaire
Parcours du combattant pour EOR (Patrimoine et Culture Aéronautique BA105)
Contrôle et notation des connaissances pratiques :
-Tir PM MAT 49.
-Manœuvre à pied.
-Rallye avec épreuves.
-Marches
Contrôle et Notation des capacités physiques :
– Education physique
– Course 3 000 m.
– Course orientation 5 à 7 km
– 50 m natation sauvetage
File d’EOR en formation (Coll. Ba 105)
Note d’aptitude à la fonction d’officier :
– le caractère ;
– la valeur intellectuelle et sportive ;
– les tâches marquantes (participation, responsabilités) ;
– l’aptitude au commandement ;
– l’aptitude générale à devenir aspirant.
Details pour devenir un EOR
Une autre voie complète les différents recrutements : les élèves admis aux écoles nationales d’administration et nationale de la magistrature ainsi que les étudiants diplômés de l’école centrale et les ingénieurs de l’armement, s’ils ont satisfait aux tests médicaux, sont admis d’office au peloton EOR. Dans pratique, la voie « sélection » issue des centres d’instruction, est largement majoritaire. Chaque année, sur les 1200 élèves formés à Évreux, le tiers provient de la filière PMS. L’écart entre les deux recrutements tend à se restreindre lors des incorporations traditionnellement réservées aux étudiants en août, octobre et même décembre. Qu’ils soient issus des recrutement PMS ou d’une sélection, les futurs élèves officiers de réserve vont se retrouver au Groupement École 306 pour affronter en commun les différentes épreuves du peloton EOR.
L’objectif principal est de fournir aux jeunes appelés un complément de formation militaire et de leur apprendre leur futur rôle d’officier. Pendant sept semaines, l’instruction va être orientée selon deux grands axes : la formation du combattant et celle de l’officier. Le ton est donné dès la première journée. Les formalités d’incorporation ne trainent pas. Le passage classique chez le coiffeur, la perception d’un paquetage « renforcé » (il comprend une demi-toile de tente, piquets, gamelle…), le passage chez le maître tailleur, la visite médicale complémentaire sont autant de formalités que les deux à trois cents élèves officiers accomplissent en trois jours. Ce tour de force administratif permet de faire débuter l’instruction militaire dans les délais les plus brefs. Auparavant, ils sont très vite installés à raison de trois élèves par chambre.
Lors de la première semaine, les EOR sont officiellement accueillis par le commandant de la base, du groupement école et de l’escadron. Dès les premières journées, les mots discipline, esprit de camaraderie, respect de la hiérarchie, prennent toute leur valeur. Les promotions, dont les effectifs sont variables (de 125 pour celle de juin à près de 300 en octobre et décembre) sont divisées en brigades encadrées par un officier, le « brigadier » et un adjoint sous-officier. Une nouvelle équipe est formée à chaque promotion pour obtenir des styles de travail différents mais toujours complémentaires.
La Section d’Instruction Spécialisée
Commune à l’ensemble des escadrons du GE 306 (EISG, EFOA, EEOR), le SIS permettait de dispenser quelques enseignements plus spécifiquement militaires : transmissions, armements, instruction NBC.
Elle disposait de quatre instructeurs pour l’armement, d’un instructeur spécialisé pour les transmissions aidé de deux aspirants, et de deux autres aspirants recrutés pour leur formation spécifique qui s’occupaient de l’instruction NBC.
Son matériel était particulièrement important. Elle disposait d’émetteurs récepteurs portatifs utilisés pour l’instruction et lors des différentes sorties sur le terrain.
Au niveau ‘’armement’’, les instructeurs avaient à leur disposition un ensemble complet d’armes démilitarisées. Aussi les élèves connaissaient-ils parfaitement, à l’issue de leur stage, le fonctionnement et les différents mécanismes des armes qu’ils avaient étudiés.
L’expérience du terrain
A l’escadron, l‘instruction alterne les phases théoriques et pratiques. Les instructeurs veillent toujours à pratiquer un enseignement simple et clair allant directement à l’essentiel.
Dans un premier temps sont dispensées des connaissances directement utilisables sur le terrain. Les cours de topographies, de transmissions, de combat, se succèdent à un rythme rapide, dès le début du stage. Rythme conservé ensuite : ce sont d’abord deux marches de nuit de quinze et de vingt-cinq kilomètres, puis chaque semaine amène un nouvel exercice physique de difficulté toujours croissante.
A la fin des sept semaines de stage, les élèves officiers de réserve ont suivi près de 400 heures d’enseignement et d’entraînement dont plus d’une centaine hors des heures ouvrables. Pour chaque brigade, trois instructeurs principaux assurent les cours. Le brigadier est responsable des cours concernant la topographie, la défense nationale, l’organisation de l’armée de l’air et les connaissances militaires générales. Son adjoint était plus particulièrement de la défense des points sensibles, du combat et de l’instruction technique de tir. Enfin, la section d’instruction spécialisée (SIS) enseigne trois matières militaires spécifiques : les transmissions, l’instruction NBC et l’armement. A cet ensemble s’ajoutent encore les nombreuses séances de sport, du parcours du combattant au 1500 mètres en passant par la natation. La mise en pratique sur le terrain des connaissances acquises est immédiate. L’épreuve la plus « attendue » demeure le rallye, qui se déroule sur deux journées. Après une marche d’approche d’une quinzaine de kilomètres suivie d’un bivouac, les élèves repartent le lendemain afin d’accomplir un circuit d’une trentaine de kilomètres. A intervalles réguliers, des ‘stands’ leur réservent différentes épreuves : 100 mètres FM, montage de l’antenne LA7C, topographie, etc. Les épreuves pratiques sont aussi la sortie combat et ses deux jours dans la nature, le tour de base et sa défense, autant de tests sur le terrain qui permettent de vérifier l’acquis théorique.
Exercice de sport pour une section EOR (Patrimoine et Culture Aéronautique BA105)
Rassemblement d’Elèves au garde à vous (Patrimoine et Culture Aéronautique BA105)
Des futurs cadres
Pour être officier, il ne suffit cependant pas d’accumuler des connaissances, il faut aussi avoir le goût et le désir des responsabilités. Dans ce but, la pratique de l’auto-encadrement est particulièrement encouragée au sein de l’EEFOR. Chaque semaine, à tour de rôle, deux élèves encadrent la promotion. Les différents rassemblements, depuis celui du matin 6 heures jusqu’à celui du soir 18h30, sont placés sous leur responsabilité. Ce type de fonctionnement est aussi décentralisé au niveau de la brigade, un élève est chargé d’assurer le commandement lors des déplacements. Enfin, au sein même de chaque brigade, des EOR volontaires occupent différents postes : élève fourrier, élève administration, élève armement, etc. Une autre étape dans l’acquisition des responsabilités est l’élection des représentants de brigade, qui représentent leurs camarades lors de la table ronde de la fin de stage. A cette réunion, assistent le général adjoint au général commandant les écoles de l’armée de l’Air, ainsi que les commandants de la base, du groupement école et de l’escadron. Une critique constructive du stage sert à améliorer les programmes et le déroulement de l’instruction. Le rôle des EOR apparait donc particulièrement important. La structure du stage implique leur entière adhésion et crée l’ambiance de promotion. Bien sûr, les difficultés permettent de forger un esprit d’équipe et de solidarité, vertus privilégiées au sein du GE 306. Les loisirs ne sont pas négligés. Les rares moments de détente n’en demeurent pas moins nécessaires et commencent lors des repas dans le cadre du mess élèves, ils se poursuivent le plus souvent au foyer du GE. Plusieurs types de distraction y sont offertes : ping-pong, baby-foot et lecture à la bibliothèque. Il est également possible de pratiquer la photographie, revoir certains cours audiovisuels, d’écouter de la musique et même de jouer, car le foyer dispose d’un piano et d’une batterie. Enfin, le mess élève dispose de deux salles de télévision.
L’étude des tests
Ces moments de délassement sont toutefois bien courts car la perspective de la fin du stage sanctionné par l’amphi-garnison est présente à tous les esprits. Deux séries de tests concluent les étapes de la formation. La première, comporte quatre matières, se terminant trois semaines après le début du stage. L’insuffisance amène le passage devant le conseil d’instruction qui peut décider de l’exclusion. Pour la grande majorité, la nouvelle étape est la série de tests de fin de stage. A l’issue de ces épreuves, une note globale est attribuée à chaque EOR.
Marche d’EOR avec barda sur le dos (Patrimoine et Culture Aéronautique BA105)
Une note au millième
Sur un total de vingt coefficients, les épreuves pratiques interviennent pour huit coefficients et les épreuves théoriques pour sept. Le complément est obtenu par la note de comportement bien éloignée de la ‘’traditionnelle note de gueule’’. Pour la déterminer, le chef de brigade tient compte de neuf critères différents tels que la tenue, la présentation, la discipline, l’autorité et l’esprit d’équipe. Cet ensemble de coefficients et de notes, finalement ramené à une notation sur vingt, est calculé au millième de point et permet d’établir un classement pour l’ensemble de la promotion. L’heure de l’amphi-garnison est alors proche. Les spécialités offertes le sont en fonction des besoins opérationnels et de la qualité des diplômes détenus par les élèves officiers de réserve. Les trois-quarts des postes sont destinés à l’encadrement général. Mais des emplois plus spécifiques peuvent aussi être proposés tels que celui d’officier de renseignement, d’officier télémécanicien et pourquoi pas rédacteur dans un journal militaire. Une fois l’affectation choisie, l’angoisse s’envole. Chacun est heureux de d’intégrer un poste de responsabilité au sein de l’armée de l’air. Les liens de camaraderie qui se sont noués à Évreux ne s’effacent pas si rapidement. Lorsque les futurs aspirants font le bilan à l’issue de ce stage, la réflexion qui revient le plus souvent est qu’il n’y a pas vraiment de place pour l’ennui.
La promotion EOR 1980 Marcel Lefèvre – Un parrain en souvenir des aviateurs du NORMANDIE-NIEMEN
Marcel Lefèvre « Héros de l’Union Soviétique »
Les noms des parrains des promotions d’Officiers de réserve sont désignés au plus haut niveau, par l’état-major de l’armée de l’air. Le 24 juillet 1980, une solennelle et émouvante cérémonie militaire a eu lieu sur la base au cours de laquelle l’armée de l’Air, représentée par le général Vaujour commandant des écoles, donna le nom de « Marcel Lefèvre » à la promotion 1980 des Officiers issus du rang. Le choix de ce pilote, ayant brillamment combattu sur le front de l’Est pendant la seconde guerre mondiale au sein du GC 3 Normandie, devenu Normandie-Niemen, a honoré tous les aviateurs de cette formation.
En commun accord, les membres de la section CSA « Patrimoine et Culture Aéronautique » ne pouvaient passer sous silence l’importance sur la base d’Évreux de cette cérémonie qui de plus, mettait en exergue un héros local. Originaire de la ville des Andelys, ville voisine d’Évreux, ce pilote normand est le seul à recevoir à titre posthume la plus haute distinction de héros de l’union Soviétique.
Avec l’accord spontané du commandant de base de l’époque, le colonel Claude Baillet, il fut décidé en 1980 que la base d’Évreux, la Normandie et l’armée de l’air allaient rendre l’hommage qui était dû à ces héros en leur réservant un espace pour retracer leur fabuleuse épopée. Une salle du tradition de la base présente de nombreux éléments et des photos de cette unité. L’aile du bâtiment où se trouve la salle de tradition a été baptisée Marcel Lefèvre.
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Article réalisé en complément du livre Collection Aérodromes n°11 Évreux – Fauville