L’Aviation Populaire est un programme gouvernemental mis en place en juin 1936 par le Ministre Pierre COT devant la menace d’un nouveau conflit militaire européen. Il consiste à moderniser notre aviation militaire et permettre à la jeunesse passionnée par l’aéronautique d’apprendre à piloter à moindre coût pour former un contingent de pilotes militaires. Il prend fin le 1er avril 1939 par le vote d’une loi qui confie au Ministère de l’Air le recrutement et la formation de ses pilotes.
Le programme de l’Aviation Populaire débute à l’école primaire par l’aéromodélisme. Il se poursuit par la formation au vol à voile puis au vol mécanique et à la préparation aux brevets de pilote de tourisme puis militaire au sein de Sections Aéronautiques Populaires (SAP) mises en place dans les aéro-clubs existants auxquelles les Préfets doivent apporter leur appui moral.
En cas d’échec de l’élève, l’orientation se fait vers le Certificat d’Aptitude Mécanicien Avion (CAMA) ou la formation comme mitrailleur.
Affiche aviation populaire
Logo
Le Chef-Pilote Estradère et quelques élèves
L’Aviation Populaire à Amiens
Après la Grande Guerre, les activités aéronautiques reprennent à Amiens en 1922. La Société Aérienne de Picardie devient l’Aéro-Club de Picardie (ACP) en décembre 1923 et ne retrouve un aérodrome sur le terrain du Montjoie qu’en 1931.
Toutefois, de nombreux jeunes suivent les cours de mécanicien avion et de radiotélégraphie dispensés par l’ACP avec l’aide des militaires dès octobre 1927.
En 1936, l’Aviation Populaire est mise en place à Amiens. Le Ministre de l’Air accorde son agrément à l’ACP où les jeunes bénéficient d’une instruction pré-aérienne pour 1 fr/mois. Après sélection, ils sont admis en formation au vol moteur pour une cotisation allant, suivant l’âge, de 2 à 10 fr/mois. En milieu scolaire, l’ACP favorise la pratique d’activités aéronautiques éducatives très variées pour un moindre coût.
Parallèlement, se crée un Club Aéronautique Populaire d’Amiens « L’Aile tendue » avec une section Modèle réduit parfaitement concurrentiel avec l’ACP avec lequel il finira par fusionner. La formation est confiée par le Ministre de l’Air à Jean ESTRADÈRE. La SAP exploite 2 Caudron Luciole 100 cv et 2 Cri-Cri Salmson 60 cv mis à disposition par le Ministère de l’Air. Mais il n’y a pas de formation au vol à voile.
Élèves
L’adhésion au programme de l’Aviation Populaire est un réel succès dès la première année.
La majorité des élèves est composée d’ouvriers et d’employés ayant le Certificat d’Étude Primaire qui bénéficient de conférences d’instruction générale pour mise à niveau.
Un an plus tard, le dimanche 3 octobre 1937, un meeting d’aviation sur le tout nouveau terrain d’Amiens-Glisy permet la présentation au public venu nombreux, des élèves de la SAP en uniforme (combinaison bleue, écusson et casquette de pilote). Au cours d’une cérémonie officielle, ils reçoivent leur fanion. Le meeting se clôture par la présentation en vol des élèves titulaires du brevet de pilote 2ème degré.
Manuel « LES ECOLIERS DE L’AIR »
Cérémonie meeting Amiens 1937
Avec le changement de gouvernement, l’Aviation Populaire prend fin le 1er avril 1939. Au cours des quatre ans de formation à Amiens, elle aura permis à un peu plus de 300 élèves d’acquérir de solides connaissances aéronautiques, de délivrer plus de 60 brevets de pilote 1er degré et plus de 30 2ème degré. Plusieurs brevets de pilotes militaires ont été délivrés. Ces bons résultats montrent que l’ACP fut parmi les meilleures SAP en France pour les formations au vol mécanique, modèles réduits, mécaniciens, radio et instruction générale.
En 1939, le classement donne l’ACP 1er, dépassant largement les Clubs aériens de Paris mais talonné par l’AC Somme.
Quel fut le bilan de l’Aviation Populaire en France ?
Fin 1938, l’Aviation Populaire a ouvert 204 SAP et a permis à 4750 élèves d’obtenir le Brevet de pilote Tourisme. En 1939, environ 5000 jeunes étaient en formation pour ce Brevet.
L’Aviation Populaire a fourni plus de 1000 avions école aux aéro-clubs et plus de 250 planeurs.
De nombreux aérodromes ont été créés pour la formation des élèves. Ils continuent d’être utilisés aujourd’hui.
De nombreux pilotes issus des SAP ont été incorporés pendant la guerre et ont continué de piloter comme professionnels après la guerre.
L’aéromodélisme est devenu une discipline à part entière.
Philippe MORINIÈRE
BIBLIOGRAPHIE
Aviation Populaire ou Aviation prolétaire 1936 Vital FERRY (2007 Editions du Gerfaut)
Le Ciel Picard N°1 – 04/1939 (Imp. Progrès de la Somme)
Le Ciel Picard N°2 – 05/1939 (Imp. Progrès de la Somme)
Le Ciel Picard N°3 – 06/1939 (Imp. Progrès de la Somme)
Ciel de Picardie (Imp. Yvert – Amiens)
Revue Populaire de l’Aviation 1937 N°4 26
Club aéronautique Populaire d’Amiens « L’Aile tendue » − 1937 N°6 30
La vie aérienne 1937/02/02 – 13
L’Automobile en pays Picard 1927 09 XI
L’Automobile en pays Picard 1930 12 VII
L’Automobile en pays Picard 1932 08 X