Hangar de maintenance n°769 – Châteauroux – Déols

Le hangar de maintenance 769 de Châteauroux – Déols (par G. Labeeuw)

Le hangar 769 rénové. Source : Aérobuzz

Ce hangar conçu et construit par le Service Spécial des Bases Aériennes (SSBA) de l’Indre en 1957, pour la maintenance de la flotte d’avions américains présents sur la base, a fait l’objet d’une rénovation lourde en 2012 par la Région Centre, propriétaire du hangar depuis 2007 suite à la décentralisation des aérodromes détenus par l’Etat. Depuis 1981, il abritait les cabines de peinture pour gros-porteur de la société Aéro technique espace. Une nouvelle cabine est en cours d’aménagement. L’ensemble, qui accueille aussi bien ATR 72 qu’A 320 ou A 340-400, constituera la plus grande cabine de peinture privée aéronautique en France.

La nouvelle cabine de peinture en cours de construction (mars 2025). Coll. D.Dubant

 

L’occasion de revenir sur quelques principes de conception qui ont guidé à l’époque l’équipe du SSBA de l’Indre, dirigée à l’époque par l’ingénieur des Ponts et Chaussées Pierre Marty (qui sera par la suite directeur du STBA de 1966 à 1978) et qui témoigne du savoir faire de l’ingénierie des bases aériennes :

Vue du hangar à sa livraison en 1957. Source : Revue Travaux, avril 1959

Description générale *

Le hangar de maintenance désigné sous le numéro n° 769 dans l’état des lieux de l’aérodrome de Châteauroux-Déols dressé par le SSBA de l’Indre au départ des Américains en 1967 était destiné dès sa construction en 1957 à accueillir une grande variété de types d’aéronefs. Présenté à l’époque comme un hangar de type nouveau, il devait pouvoir recevoir des avions de chasse comme des avions de transport à l’envergure beaucoup plus imposante, pour des opérations d’entretien ou de réparations lourdes. La coupe type reproduite dans la revue Travaux d’avril 1959 en illustre quelques configurations possibles.

Le plan du hangar répondait à cette exigence fonctionnelle : pouvoir déplacer un avion à l’intérieur du hangar sans avoir à déplacer tous les autres : d’où la nécessité de ranger les avions, du moins les avions lourds, en ligne parallèle au front du hangar, les fuselages lui étant perpendiculaires. Mais compte-tenu des envergures variables, la solution consistait à doter le hangar d’une grande ouverture côté aire de stationnement extérieur de manière à pouvoir sortir et manœuvrer de façon indépendante des avions d’envergure très différente. 

Plan général du hangar 279. Source : Revue Travaux, avril 1959

ADP avait adopté la même solution fonctionnelle à Orly sur les deux hangars construits en 54-55, d’ouverture de 216 m de large sur l’aire de stationnement grâce au système de structure métallique à auvent simple (porte-à-faux).

 » Mais à Châteauroux il était également nécessaire de faire pénétrer, en proportion importante, des avions moyens ou légers dans le hangar d’entretien. D’où la possibilité, tout en gardant la travée en forme d’auvent pour les avions lourds, d’y accoler une travée qui pouvait n’avoir d’ouvertures qu’aux extrémités, pour les avions moyens ou légers : le hangar est alors un double auvent, simplement porté par les poteaux centraux, mais équilibré sur le front arrière par des piédroits qui peuvent être ainsi très rapprochés. La profondeur utile de l’auvent a été fixée à 39 m, longueur maximum des avions de la naissance des ailes à la queue : en effet les avions exceptionnellement longs peuvent engager leur « nez » entre les poteaux centraux en débordant ainsi dans la travée des avions légers. »
Au final, le hangar disposait d’une largeur interne utile de près de 181 m pour une profondeur de 81 m.

On notera au passage la référence aux hangars à doubles auvents qu’Albert Caquot avait inventé au début des années 30 et dont plusieurs exemplaires ont été construits en métropole et dont il reste à ce jour très peu d’exemplaires.

Coupe intérieure du hangar. Source : Revue Travaux, avril 1959

Quant à la hauteur du hangar, elle a fait l’objet d’un compromis : Certains avions dont la dérive pouvait atteindre jusqu’à 18 m auraient donc conduit à une hauteur sous entrait supérieure à 18 m et donc à un volume intérieur relativement surdimensionné par rapport aux besoins des avions plus légers. Le choix a donc été fait de recourir à des « passe-queue » (aujourd’hui dénommés passe-dérive)  » sortes de mansardes sans plancher, dont les fenêtres sur le front du hangar dégagent en s’ouvrant toute la partie basse ». La hauteur utile du hangar a pu ainsi être optimisée à 12 m à l’intérieur du hangar.

Passe-dérive. Source : Revue Travaux, avril 1959

Le côté opposé à l’ouverture principale est quant à lui consacré aux appentis (salle des machines, poste de transformation, sous-station de chauffage, magasins, vestiaires et locaux sanitaires)

Sur les deux côtés latéraux, les portes peuvent dégager la moitié de la longueur des façades.

Structure métallique

L’ossature métallique du hangar est constituée par une poutre maîtresse longitudinale, supportant de part et d’autre les fermes du double auvent.

La poutre maîtresse de 10 m de hauteur est implantée dans l’axe longitudinal du hangar. Cette poutre est supportée par 8 poteaux, dits poteaux principaux distants de 26 m entre axes et porte 22 fermes de 41,5 m de portée de chaque côté des poteaux centraux. Le contreventement horizontal est
assuré au niveau des membrures inférieures des fermes, Les membrures supérieures des fermes cantilever sont contreventées, au droit des attaches de tirants, par une poutrelle longitudinale de 4,60 m de hauteur. Il en est de même pour les fermes inférieures. Celles-ci sont en outre contreventées dans le sens vertical par une poutrelle longitudinale de 1,70 m de hauteur au droit de l’encastrement sur les piédroits.

L’ensemble de l’ossature est en acier doux ordinaire, à l’exception des ronds de contreventements horizontaux des fermes et de quelques pièces spéciales comme les boulons d’ancrage, les axes d’articulation et les tiges filetées de réglage des fermes cantilever. Toute la charpente est rivée.

Le poids total de la charpente s’élevait à 1650 tonnes dont 161 tonnes pour la poutre maîtresse.

A gauche, la poutre maîtresse. A droite, en haut : les tirants des fermes intérieures. Au centre, en bas, le troisième chéneau. Source: Revue Travaux, avril 1959

Grandes Portes roulantes

La porte principale est de type coulissante, roulante au sol et guidée en partie haute : elles est constituée de 14 panneaux de 13 m de longueur et 12 m de hauteur. Elles sont bardées en tôle ondulée. Elles se déplacent sur rail en partie basse avec un chariot de guidage en partie haute absorbant les déplacements liés à la flèche de la poutre-au-vent. Elles peuvent être actionnées soit par un moteur soit à la main.

Vue intérieure de 1967, avec à droite les grandes portes roulantes. Source : Inventaire 1967 SSBA Indre / conservé aux Archives départementales de l’Indre

 

Emplacement de l’aéroport “Marcel Dassault ” de Châteauroux-Déols, bâtiment 769 vers 1959/61. A la fin des années 50 c’est dans ce même grand bâtiment 769 que fut effectuée la maintenance des F-102. Cliché pris depuis le sud (collection privée DR).

 

Vue extérieure en 1967. Source : Inventaire 1967 SSBA Indre / conservé aux Archives départementales de l’Indre

 

Source :

  • * Revue Travaux, avril 1959 : Construction d’un hangar d’entretien pour aéronefs à Châteauroux-Déols, Par P. Marty, Ingénieur des Ponts et Chaussées.
  • DUBANT (D.). – Base américaine de Châteauroux-Déols 1951-1968, Provinces Mosaïques, éditions Alan Sutton 2008,144 pages. Pages concernant le hangar 769 : pp 93,95 et 96
  • Archives départementales de l’Indre