Le plan quinquennal d’équipement aéronautique dans les Alpes Maritimes – 1947. [Extraits du livre « Les ingénieurs des bases aériennes, Tome 1 » et compléments par G. Labeeuw]
Le 30 juillet 1943, le Secrétariat général à la défense nationale informe ses Ingénieurs en chef des ponts et chaussées en charge de l’infrastructure dans les départements de la politique en matière d’infrastructure à développer pour préparer le pays à satisfaire les besoins du trafic aérien après la guerre. La note est préparée par René Lemaire, alors Directeur de l’infrastructure. Elle invite les services des ponts et chaussées à documenter l’existant, recenser les emplacements possibles d’aérodromes et à ébaucher un plan d’équipement aéronautique du département. La définition des besoins reste du ressort des services centraux, qui avaient préalablement défini la liste des communes concernées.
Un projet de plan d’équipement fut rendu par le Service Ordinaire des Ponts et Chaussées (SOPC) des Alpes-Maritimes en janvier 1944 mais les études sont stoppées du fait de l’occupation ennemie. En août 1946, René Lemaire, alors inspecteur général des bases et routes aériennes au Conseil supérieur des travaux de l’air informe les services des ponts et chaussées sous couvert de la Direction des bases aériennes de l’objectif de dresser un plan d’équipement aéronautique échelonné sur cinq ans à partir du 1er janvier 1947. Les hypothèses de ce plan reprennent largement celles de 1943.
Les études conduites par la subdivision études générales du futur Arrondissement spécial des bases aériennes n’ont en réalité pas cessé depuis 1945. Malgré la topographie particulière du relief des Alpes-Maritimes, de nombreux sites sont étudiés pour les communes retenues, initialement au nombre de sept. Un premier plan d’équipement aéronautique des Alpes-Maritimes est réalisé en 1949 (illustration ci-contre). Néanmoins, la poursuite des études de terrains rencontre plusieurs difficultés liées à la topographie et à la répartition inégale de la population entre la zone côtière et la zone intérieure. En 1956, le plan d’équipement n’est toujours pas arrêté.
Par ailleurs la problématique de la présence de deux aéroclubs sur le terrain de Nice-Le Var amène l’arrondissement à étudier le report de l’activité aviation légère sur un aérodrome de dégagement. Un plan d’ensemble est dressé en 1949, recensant quatre sites possibles autour de Nice : Nice-La Manda, Nice-Plan du Var, Nice-Villeneuve-Loubet et Antibes-La Brague. Les études se poursuivront sans trouver de solution acceptable jusqu’au milieu des années 50, date de la mise en service des nouvelles installations de l’aéroport de Nice. Les aéro-clubs n’auront finalement pas d’autre choix que de rejoindre l’aéroport de Cannes.

Premières ébauches de localisation des aérodromes dans les Alpes-Maritimes (1949). Source : Archives DGAC/SLBA06
Les études d’aérodrome sur le site d’Antibes – La Brague
- 1944 : études internes conduites par le SOPC des Alpes-Maritimes : Le plan ci-dessous montre les différentes configurations de pistes possibles.

Etudes pour l’aérodrome d’Antibes – La Brague conduites par les Ponts et Chaussées des Alpes-Maritimes en novembre 1944. Source : archives DGAC/SLBA06
- 1945 : 24 au 26 avril : Mission effectuée par M. Launay et le Capitaine Charpentier (Ministère de l’Air/Direction des Installations et Travaux/Bureau « Terrains ») dans le cadre d’une étude comparative pour déterminer quel devait être l’aéroport régional entre Nice – Le Var, Cannes – Mandelieu et Antibes – La Brague. Les conclusions de cette mission étaient les suivantes : « L’emplacement d’Antibes – La Brague ne peut être retenu que comme plateforme pour avions légers. En effet, ne peuvent être envisagées que deux bandes d’environ 800 m en raison du terrain accidenté et de la proximité d’obstacles difficiles. La réalisation souhaitable par ailleurs d’une bande orientée parallèlement au littoral reste conditionnée par la disparition préalable de la station émettrice de la BRAGUE – (bâtiments et pylônes) ».
- 1947 : L’aéroclub de Nice, dont l’avenir semblait déjà compromis par l’activité commerciale grandissante de la plateforme niçoise, s’intéresse au site de La Brague, mais sur un terrain situé en contre-haut, sur le plateau des Gréoules (ou Groules). Le 23 septembre, une nouvelle mission est réalisée par M. Picard de la section Terrains du STBA, service du SGACC créé en 1945. Celle-ci fait suite aux demandes de l’aéroclub de Nice. Le rapport d’étude précise les difficultés (terrassements trop importants) d’aménagement de ce site.

Etudes sur le site des Gréoules (ou Groules) au nord du terrain étudié en 1944-1945. Source : DGAC/SLBA06
- 1949 : Le site retenu au titre du plan d’équipement des Alpes-Maritimes sera finalement celui de La Brague. Au vu de la longueur de la piste (800 m maximum), le projet ne verra jamais le jour.
SOURCES :
- Les ingénieurs des bases aériennes, Tome 1
- Archives DGAC / Service local des bases aériennes des Alpes-Maritimes