Signalé comme étant le siège d’une Ecole d’aviation de Sommer par l’édition de 1912 de l’Aéro-guide de l’Aéro-club de France, le site de Douzy disparut de la suivante et dernière pour ne jamais apparaître sur le Bulletin de la Navigation Aérienne pendant tout l’entre-deux-guerres. Il retrouva pourtant sa vocation aéronautique en décembre 1936, lorsque le ministre de l’Air décida qu’il soit immédiatement procédé à la création immédiate du « terrain d’aviation » de Sedan – Douzy en employant la procédure d’urgence.
Bien que la situation géographique de Sedan, la destination militaire de l’aménagement et l’urgence déclarée de sa mise en oeuvre eussent justifié le rattachement du projet au programme de plates-formes d’opérations, le choix d’appellation retenu tint vraisemblablement à ce que l’importance des travaux impliquait obligatoirement l’acquisition des terrains nécessaires.
La mise à l’abri du terrain contre les crues de la Meuse et de la Chiers obligeait en effet à ce qu’au moins 10 ha de terrains participent à la réalisation du projet, hors des 110 ha (aplat orangé sur la carte) constituant la future emprise, pour qu’y soit effectué l’emprunt de 75 000 m3 de remblaiement.
L’occupation temporaire ayant été autorisée par arrêté préfectoral en juin 1937, divers incidents se produisirent au moment de la prise de possession des terrains composant la plate-forme, dont les nombreux propriétaires se constituèrent immédiatement en syndicat pour la défense de leurs intérêts et chargèrent un cabinet d’affaires parisien de les représenter.
L’impossibilité de négocier devant laquelle se trouva le service local des Ponts et Chaussées le conduisit à rendre compte, en février 1939, qu’il se trouvait « à Douzy en face d’une population à laquelle les travaux causent un préjudice certain mais dont les exigences et l’appât du gain ont été habilement exploités par un cabinet d’affaires », que « ces propriétaires sont intraitables » et que « toutes nouvelles tentatives d’accords amiables ne pourraient être considérées que comme une faiblesse de l’Administration ».
La nécessité d’agir avec fermeté apparaissant tout aussi, sinon plus, évidente pour les lieux d’emprunt – transformés en excavations de 5 à 6 m de profondeur constituant depuis autant de plans d’eau – le ministre de l’Air prescrivit le 1er mars 1939 l’expropriation de tous les terrains concernés par le projet selon la procédure instituée par les décrets-lois du 30 octobre 1935.
Invité le 30 mars par le préfet à prononcer l’ordonnance d’expropriation, le président du tribunal civil de Sedan demanda que, en dépit des consignes ministérielles de discrétion, l’acte déclaratif d’utilité publique soit préalablement publié. Bien que le retard résultant de cette exigence n’ait été que d’un mois, il s’ajouta, inopportunément en cette année 1939, à celui, plus important et lourd de conséquences, avec lequel fut prise la décision d’exproprier.
L’avancement des travaux ayant bouleversé l’état des lieux initial, il fut en effet estimé – sans doute eu égard aux différences considérables séparant les offres amiables de l’Administration et les prétentions des propriétaires – que l’estimation judiciaire, permettant à l’ordonnance de fixer les indemnités provisionnelles à consigner, n’avait pas lieu d’être effectuée et qu’il convenait, par suite, de s’en remettre directement à la commission arbitrale d’évaluation. La préparation des dossiers à lui soumettre conduisit celle-ci à prévoir de se réunir en octobre 1939.
La mobilisation de septembre étant intervenue entre temps, la fixation des indemnités resta pendante jusqu’à ce que le secrétaire d’État à l’Aviation demande, en mars 1942, que ladite commission « soit réunie dans les plus brefs délais de manière à aboutir au prompt règlement de cette affaire sur le point d’être terminée au moment de l’ouverture des hostilités ».
La reprise des dossiers exigeant alors un travail important compte tenu notamment de la destruction de la conservation des hypothèques lors d’un bombardement britannique, la commission arbitrale put enfin se réunir en août 1943. Une vingtaine de propriétaires ayant fait appel de ses décisions devant le tribunal civil de Sedan, celui-ci ordonna en mai 1944 qu’un géomètre expert par lui désigné procède à une expertise sur la valeur des terrains en 1939.
Le tribunal s’étant finalement prononcé, l’indemnisation de plusieurs anciens propriétaires se trouva être différée au delà des années quarante du fait de l’impossibilité d’obtenir de la conservation des hypothèques reconstituée les certificats négatifs permettant la déconsignation des indemnités… que ceux auxquels elles étaient destinées auront donc attendu plus de dix ans après avoir été dépossédés.
Affecté aux sports aériens, l’aérodrome de Sedan – Douzy fut « très provisoirement » interdit à la circulation aérienne publique en raison du mauvais état de sa plate-forme par l’arrêté ministériel du 6 février 1947. Figurant sur la liste des aérodromes ouverts à la circulation aérienne publique annexée à l’arrêté interministériel du 23 novembre 1962, il demeurera depuis sans interruption sur les mises à jour de ce dernier.