L’aérodrome se trouve au Sud de la commune de Merville entre Calonne sur la Lys et Lestrem. Aménagé en 1937 à des fins militaires, il est toujours en service et contient de plusieurs vestiges datant de la seconde guerre mondiale. Sa physionomie actuelle est toutefois différente de celle de l’immédiate après guerre, la piste d’envol n’utilise plus qu’une partie des trois axes construits par les Allemands. Celle ci a été recouverte et allongée vers la commune de Merville. La route au Nord du terrain a fait disparaître une partie des taxiways de contournement.
Avant de présenter cet aérodrome, nous préciserons que la commune de Merville possédait déjà durant la Première Guerre mondiale un terrain d’atterrissage aménagé par le Royal Flying Corps. Le No. 2 Squadron y fut déployé le 27 octobre 1914 et y resta jusqu’au 30 juin 1915 pour être replacé ensuite le 18 juillet par le No 12 Squadron.
L’emplacement de cet aérodrome se trouvait alors au Nord-Est de l’actuel, juste avant les Etablissements Roquette, vers la commune de La Gorgue qui possédait elle aussi un second aérodrome. L’aire d’envol était comprise entre l’ancien canal de la Lys et la ferme encore existante. Une barge était d’ailleurs amarrée au bord de la berge étant utilisé à la fois comme casernement et comme hôpital de campagne.
barge au bord du canal
Intérieur
Photo des hangars, Farman S11 au premier plan
Ces trois photos sont extraites du livre » Airfields and Airmen – Ypres » de Mike O’Connor membre de l’association » Anciens Aérodromes. http://www.pen-and-sword.co.uk/?product_id=916
Ce terrain d’aviation sera abandonné aprés guerre et les terres remises en culture pour les propriétaires en 1937, le commandement français allait commencer les travaux d’aménagement d’une autre plateforme à l’emplacement actuel de l’aérodrome de Merville-Calonne. L’aérodrome sera utilisé dés septembre 1939 par la RAF avant d’être évacué en juin 1940. Revenons maintenant sur son descriptif.
Comparer la carte actuelle à gauche avec celle de droite extraite de l’Atlas Historique des terrains d’aviation réalisé en 1947 par la DGAC.
Dans le but de présenter les différents vestiges, nous avons divisé notre étude en plusieurs zones que vous pouvez retrouver sur la carte suivante.
– Zone n°1
De part et d’autre de l’ancienne piste d’envol n°3, présence d’une quinzaine d’alvéoles bétonnée afin de servir de parking pour des appareils. Il ne s’agit pas de constructions allemandes mais de »marguerites » au standard OTAN construites aprés guerre.
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Dés juin 1940, l’aérodrome sera utilisé par la Luftwaffe pour subir ensuite d’importants aménagements, construction de trois pistes, des hangars et casernements et des ouvrage de défense du type L13, armé d’un canon Flak 38 de 20mm. Deux exemplaires sont présents sur le terrain, le premier dans la zone que nous décrivons et le second à l’opposé de la piste. Les coupoles blindées sont remarqua- blement conservées et surveillent toujours les abords du terrain. Au centre, tourelle pour le canon de 20mm
Second bloc au Nord Est avec les accès latéraux.
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– Zone n°2
Anciennes voies de contournement qui sert actuellement de taxiway aux appareils placés prés de la tour de contrôle. Il ne s’agit pas de l’actuel piste utilisé par le traffic. Cette piste n’est pas référencé sur l’inventaire de la DGAC de mars 1946 car il s’agit d’un taxiway OTAN construite en 1952.
Un peu plus au nord du terrain, entre celui-ci et la commune de Merville, présence de l’autre côté de la route qui longe le terrain de plusieurs taxiway menant à des ruines de hangars qui datent de la période allemande.
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Une découverte remarquable d’un authentique abri en bois pour un chasseur. Construction très bien conservé et utilisé par un agriculteur pour remiser son matériel.
Bf 109 devant un abri du même type. Remarquer la peinture de camouflage et les feuillages recouvrant le toit.
Abri casernement au bord de la route menant à la zone de description n°3. Cette construction est constitué de deux parties, l’une en briques avec des ouvertures, l’autre est en béton armé sans doute pour servir d’abri en cas de bombardement à moins qu’il ne s’agisse d’un local technique avec groupe électrogène. Un abri identique se trouve également au nord du terrain prés de l’ouvrage de défense L13.
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– Zone n°3
Prés du hameau de l’Epinette, le long de la D178, présence de nombreuses pistes avec trois hangars abris pour avions Messerschmitt Bf 110.
Premier hangar au bord de la route (le seul encore visible)
Six portes coulissantes ferment le hangar, elles se rangent par trois de chaque côté
Cliquer sur les photos pour les détails
Troisième hangar, en mauvais état. Il nous donne un bon exemple de son architecture avec sa charpente encore visible, ces rails de portes et la partie arrière dans laquelle était placé la queue du Bf 110. Ces hangars sont maintenant détruits dans le cadre de l’aménagement du site en parc de promenade.
Les dimensions de ces hangars étaient les suivantes (avec variations possibles de 10 à 50cm) :
en façade
- 36m avec les extensions pour les ouvertures de porte
- 8,70m x 2 de dimensions intérieures pour la partie des ailes
- 9,20m pour la partie centrale
- 12m de haut
en profondeur
- 23,55m au total (partie centrale)
- 8,50m pour la partie avant où se logent les ailes de l’appareil
- 14m pour la partie où se loge la queue de l’avion
- 1,25m pour les portes
inclinaison du toit : 20°
Les portes sont au nombre de 6 par hangar et chacune mesure 4,27m de haut pour une épaisseur de 12cm.
Les murs sont en briques et font plus de 45cm d’épaisseur.
(relevé effectué par Christophe Wosny)
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Taxiway permettant de rejoindre les pistes d’envol 1 et 3 (voir document de la DGAC)
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Bâtiment servant de salle de pliage pour les parachutes avec tour de séchage. Construction datant de la présence US à partir de septembre 1944 l’aérodrome étant devenu une base logistique.
(Informations transmises par Michel Durez : jocelyne.durez@wanadoo.fr)
– Zone n°4
Nous avons délimité cette zone aux alentours de l’aéro-club actuel. La construction récente d’un giratoire à impliquer la destruction de plusieurs hangars identiques à ceux dans zone 3. Il reste toutefois un hangar repris par l’aéro-club de la Lys et une station de pompage avec des cuves pour le carburant.
Taxiways menant au hangar utilisé par l’aéro-club.
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Station de pompage pour le carburant. Construction semi enterré avec deux salles, l’une avec du matériel électrique et l’autre avec du matériel de pompage. Cette construction n’a pas été réalisé par la Luftwaffe mais par l’OTAN en 1952 dans le cadre d’aménagement comme terrain de desserrement.
Cliquer sur les photos ci-dessous pour les détails.
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Ruines d’un hangar métallique, en forme d’arc, dont il ne reste que les plots supports.
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Vue aérienne actuelle de l’aérodrome LFQT. Sont bien visibles les »marguerites » OTAN avec une des anciennes pistes allemandes. Document à mettre en comparaison avec les plans ci dessus.
Source : Francis Bocquet http://www.photos-aeriennes.net
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Unités de la Luftwaffe présentes sur le terrain durant l’occupation :
- II./KG 4 (début juin 1940 → ?) avec He 111. Escadre de bombardement
- I./KG 27 (12 juin 1940 → ?) avec He 111. Escadre de bombardement
- II./KG 2 (était présente du 1er janvier 1941 à avril 1941) avec Do 17
- SKG 210 (? → juin 1941) Bf 110 Jabo
- Erg. St. 210 (? → fin janvier 1942) Bf 110/Bf 109. Escadrille d’entraînement
- II./JG 2 (octobre 1942 → novembre 1942) Fw 190 Jabo
- JG 26 (? → fin 1942) Fw 190
- 11. (Höhe)/JG 54 (janvier 1943 → avril 1943) Bf 109 G-1 et G-3. Aérodrome d’entraînement (aérodrome principal : Lille-Vendeville)
- V./KG 2 (20 juin 1943 → 10 août 1943) Me 410. Déménage le 10 août 1943 à destination de Vendeville.
Source : La Luftwaffe en France T1 – Jean-Louis Roba
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Voir également le site de l’aéro-club de la Lys : http://www.aeroclublys.org/