Connu sous le nom d’aérodrome de Dunkerque-Mardyck, ce terrain est aujourd’hui disparu suite à l’extension vers l’Ouest du port autonome de Dunkerque. Son emprise se trouvait en fait à l’emplacement actuel des raffineries entre la commune de Mardyck et le port.
Crée en juin 1936 comme aérodrome civil pour l’aviation populaire sur une surface d’environ 72 ha et occupé par le Club Aéronautique de Dunkerque avec construction d’un hangar et d’un club house.
En 1939, suite à la déclaration de guerre, l’Armée de l’Air prend possession des installations avec réquisition en mai 1940 d’une bande de terre un peu plus à l’Ouest pour dispersion des avions.
Sont alors présentes les unités suivantes :
- le GC I/4 du 10 janvier au 2 mai 1940 avec ses Curtiss H 75 puis du 10 mai au 21 mai 1940.
- le Groupe Aérien d’Observation n°501
- le GC II/6 du 11 avril au 9 mai 1940 avec ses Ms 406
Du 6 au 18 juin 1940, les unités de l’Armée de l’Air vont partager le terrain avec le No 1 Squadron de la RAF équipé de Hurricane I qui soutiendront durant ces quelques jours l’évacuation des troupes françaises et anglaise de la poche de Dunkerque. Leurs appareils quitteront ensuite la France pour continuer leurs missions de couverture depuis des aérodromes britanniques.
Source ONERA – Centre de Lille – Collection Dandrieux
Le 14 Novembre1939, le GAO 501 s’installe sur le terrain d’aviation de Mardyck, près de Dunkerque. Le Groupe Aérien d’Observation réalise pour son entraînement des photographies aériennes d’excellente qualité. Le cliché reconstitué ci-dessus est un assemblage de deux prises de vues verticales, du terrain de Mardyck, réalisées le 3 mars 1940.Ces images sont de la collection du Lieutenant Dandrieux du GAO 501.
Le cliché original ( n°110 non représenté au montage) qui accompagne ce document de synthèse permet de noter un grand nombre de renseignements sur la prise de vue en elle même : Groupe : GAO 501, Altitude 3100 m probablement, Focale 300mm (Echelle d’origine 1/10000), date et heure, tout cela en haut du cliché. Le numéro du cliché sur le coté droit : 110 et en bas, probablement le numéro de la mission : M73, le numéro d’archive probablement : 70910 et en dernier le nom de la section photographique qui a exploité ce cliché. Cette section est la S.P.A. 20/104 qui était attachée au GAO 501.
La duplication des documents originaux de Monsieur Dandrieux a été réalisé par le Service Historique de la Défense vers 1985.
– Synthése de Jean Luc Charles, membre du groupe » Anciens Aérodromes » –
L’assemblage des deux photos n°108 et 110 a été réalisé par François Paquet ( membre également du groupe » Anciens Aérodromes » ). Elle permet de visualiser le terrain dans sa totalité.
Le terrain sera ensuite utilisé par la Luftwaffe jusqu’en 1941 avec édification d’une piste bétonnée de 600m sur 40m et un ensemble d’aires de dispersion ( en noir sur le plan). Le dispositif sera ensuite rendu inutilisables mais restera occupé par les troupes allemandes jusqu’à la Libération.
Localisation des pistes et Rollstrasse, extrait du CD de la DGAC
Nous pouvons retrouver les unités suivantes :
- Stab de la JG 2 du 28 août au 25 septembre 1940
- I./ JG 2 du 28 août au 10 septembre 1940
- II./ JG 2 du 28 août au 25 septembre 1940
- II./ JG 51 d’octobre à décembre 1940
- Stab de la JG51 du 5 février au 1er juin 1941
- II./ JG 51 du 14 février au 7 juin 1941
- IV./ JG 51 du 5 février à la fin mai 1941
Photo aérienne prise en Juin 1945 montrant encore bien la position des pistes et aires de dispersion (source STAC)
Après guerre le terrain sera remis en état pour la circulation civile aprés des travaux succints de réparation: comblement des tranchées d’obstruction, des cratères de bombes et déminage mais sera toutefois déclassé en août 1967.
Photo aérienne prise en Juin 1959 montrant encore bien la position des pistes et aires de dispersion (source photothèque IGN)
– Montage François Paquet membre d’Anciens Aérodromes –
De nos jours il est très difficile de retrouver des vestiges d’autant plus que le site est occupé par les raffineries. Nous pouvons quand même supposer que des restes de taxiways et de pistes d’envol doivent encore subsister parmi les installations industrielles. Toute exploration ou même survol est bien entendu interdit !
Sources :
– CD de la DGAC
– Livres Pierre Watteuw : Les pertes de la chasse de jour allemande en France – Ed Lela Presse
– Renseignements transmis par l’Aéroclub de Dunkerque