Brustem

Brustem –‘Sint-Truiden Air Base’… ou l’état des lieux !

Présentation de Thierry Cardon

En 1936, le Ministère de la Défense ouvre un terrain de campagne (diversion) au numéro 22 dans la nomenclature des aérodromes militaires. Ce n’est qu’une plaine sans aucune infrastructure. Brièvement utilisé les 10 et 11 mai 1940 par des Fiat CR42 des 3ième et 4ième escadrille du 2nd Régiment de l’Aéronautique Militaire, l’aérodrome est rapidement occupé par les allemands et les premières terres ne tardent pas à être saisies pour l’agrandir. Le développement se fait dès 1941 avec la construction de 3 pistes, bâtiments et hangars. Dès 1942, la chasse de nuit s’y installe avec leurs Messerschmitt Bf110. Ce sont de redoutables adversaire pour les bombardiers alliés. Un de leur héros n’est autre que l’as Heinz Wolgang Schnaufer… pas moins de 212 victoires confirmées ! L’ennemi quitte Brustem le 2 septembre 1944.

Six jours plus tard, les américains s’y installent avec les Thunderbolt des 48th & 404th Fighter Group. Après leur départ, ils sont remplacés par le 386th Bomb Group qui y restera jusqu’en décembre 1945 ! Les américains répareront l’infrastructure qui a été malmenée par quelques bombardements précis…

Extrait de la carte IGN « 33/6 Noord / St-Truiden » Année 2000 échelle 1/10.000  ©

A partir de mai 1945, les belges sont de garde pour éviter les pillages.

La naissance de la Force Aérienne Belge date du 16 octobre 1946, la « Belgian RAF Section » devenait nationale !

L’Ecole de pilotage avancée est inaugurée le 23 mai 1947. Un an plus tard, l’Ecole de Transition arrive de Coxyde..         L’écolage se fait sur Harvard et Spitfire Mk.9.

Pour des raisons climatiques, l’écolage sera transférée sur la Base de Kamina (mieux connue sous BAKA) au Congo Belge.

Dans le cadre de l’expansion de la Force Aérienne, la Base de Brustem est intégrée aux opérations. Le 23 décembre 1953 naquit le 13 Wing, composé des 25, 29, et 33ième Escadrilles. Ce Wing de Chasse de jour vole sur Meteor Mk.8. Ces unités partiront le 8 janvier 1957 pour rejoindre Coxyde et le Wing sera dissout en juillet 1958. Ce même 8 janvier, L’Ecole de Chasse déménage en sens inverse et rejoint Brustem au départ de  Coxyde.

En juillet 1957, La 42ième Escadrille de Reconnaissance arrive en provenance de Wahn (Cologne) avec ses RF-84F Thunderflash.

Suite au brusque retour de l’Ecole de Pilotage avancé de BAKA en 1960, les RF-84F doivent faire de la place et s’en vont à Beauvechain après un séjour de 3ans.

La Base de Brustem reprend alors son rôle d’instruction qu’elle ne quittera plus jusqu’à sa fermeture. Au début, la formation se fait sur Fouga puis T-33. En décembre 1979, les premiers Alpha Jet arrivent.

Le 18 novembre 1996, sonnait le glas pour ‘St-Truiden AB’… Une Base au riche passé victime des restructurations mises en place les années précédentes.

Aujourd’hui, Brustem vit au rythme des excercices militaires de jour comme de nuit ( l‘Ecole Royale Technique’ est située non loin de là, à Saffraanberg ), de la petite aviation et de l’installation de multiples PME (Petites et Moyennes Entreprises) dans le nouveau zoning industriel.

Depuis 1996, beaucoup de choses ont changé ou plutôt… disparu sur la Base de Brustem !

La base de Brustem avait été divisée en 5 zones par la Force Aérienne Belge : zones ‘Nord’, ‘Sud’, ‘Est’, Ouest’ et  ‘Maintenance’ (voir plan). A cela, il faut encore ajouter le Camp de Bevingen qui se trouve à moins de 1.000 mètres du périmètre de la base ainsi que d’autres sites localisés  dans un rayon de 7km et vendus au privé depuis.

Faisons un survol par zone suite à notre visite du 13 avril 2008 à l’occasion de la Journée du Patrimoine :

1/ Zone Nord

Le dispersal ‘Nord’, composé de 12 marguerites ainsi qu’un petit bunker ‘Wing OPS’, a  été complètement rasé de la carte. Il n’en reste rien. Les entreprises y poussent comme des champignons.

2/ Zone Maintenance

Tout comme la Zone ‘Nord’, la Zone ‘Maintenance’ a également souffert sous les pelleteuses gourmandes…  Tous les bâtiments, sauf le double hangar n°27 et la plus récente cabine à peinture, ont disparu ! Cela malgré l’acharnement de convaincus pour sauvegarder ce patrimoine aéronautique militaire construit par les Allemands. Personne n’a trouvé les appuis nécessaires pour ne fut-ce que préserver le ‘Junker Halle’. Superbe hangar avec une structure de toît en bois lamelé pour lequel il aura fallu faire appel à du matériel conséquent pour en venir à bout. Preuve que ce hangar était encore en relatif bon état et construit avec de bon matériaux ! Ce qui est quelque part regrettable car ce bâtiment était un des derniers en Europe a avoir été maintenu dans un tel état. Un projet de zoning a pris le dessus.

Double hangar n°27

Pour la petite histoire, la cabine de peinture (au n°109 dans l’inventaire des bâtiments et construite début des années 90) a encore été utilisée pendant plus d’un an après la fermeture officielle de l’aérodrome. En effet, celle de Beauvechain était toujours en construction lors du déménagement … !

Cabine à peinture n°109

Puis l’ancienne tour de contrôle avec son bunker allemand à deux étages en sous-sol qui, murée pendant l’occupation par les alliés en 1944, contenait  encore une grande partie de son mobilier d’époque, tableaux OPS et cartes allemandes sur les murs, etc… Rien n’a pu être sauvé par manque de temps car la location de machines spéciales de génie civil pour percer les plus de 2 mètres de béton armé du toît coûtait cher. Toute immobilisation exagérée allourdissait le budget alloué.

3/ La ‘Zone Est’ a été maintenue dans son état d’après guerre avec ses deux hangars n°41 & 43 entourés de six petits bâtiments parsemés tout autour. Ces deux hangars avaient été montés initialement sur 2 autres bases et déménagés vers Brustem fin des années 40. Ces hangars sont d’un type seconde guerre mondiale. Un des deux hangars est occupé par un aéroclub qui a également une portion de piste en concession

Hangar n°41

Le dépôt de munition a été préservé dans son état original.

Dépôt de Munitions

Et les bâtiments GCA, dont un a encore ses peintures de camouflage, sont toujours en place. Il ne manque que l’antenne pour assurer les approches des avions !

G C A

Sans oublier la tour de contrôle de réserve (ou de temps de guerre) et qui se trouve à la limite de la ‘Zone Sud’.

4/ La ‘Zone Ouest’ est également fort complète avec ses 2 hangars Montoisy (n°55 & 66.). Bâtisses imposantes construites début des années 50 et en très bon état. Un des deux hangars abrite l’entreprise ‘Crown Helicopters’.

Hangar Montoisy

Cette même zone comprend encore e.a. les Dispersal Alpha-Jet, 9thSQN, … ainsi que le bâtiment qui abritait le ‘Flight Sim Alpha Jet’.

Bâtiment simulateur

5/ La Zone Sud est la plus complète. Cette zone sera la seule qui restera militaire dans le futur. En effet, L’Ecole Royale Technique de Saffraanberg est devenue l’Ecole Royale des Sous-Officiers.  Le Dispersal Sud deviendra donc leur terrain  d’entraînement.

On y trouve les shelters (abris pour avions), la tour de contrôle, des bâtiments radios, le bunker dit ‘Florennes’ (c’était un de leurs aérodromes de réserve) ainsi que quelques autres petits bâtiments.

Tour de contrôle

Shelter pour avion

Sans oublier qu’au centre des cinq zones, se trouvent les trois pistes ou RWY (Runway) posées en triangle : les RWY06-24, RWY10-18 et RWY15-33. Seule la RWY06-24 est encore en état, mais uniquement pour utilisation civile. Les deux autres sont à l’abandon en tant que piste depuis de longues années. La RWY10-28 a été utilisée en son centre comme taxiway. Sur la RWY15-33, côté ouest, a été construit un parking pour avion gros porteur du type Galaxy. Cet avion venait en support lors du déploiement des avions de l’Air National Guard (ANG) sur la Base de Brustem.

Planeur des « Belgian Air Cadets » le long de la RWY24-06 lors de la journée du Patrimoine le 13 avril 2008.

L’éclairage de la RWY06-24 et des taxiway (TWY) a complètement disparu. Le jeu de lampes pour l’approche de la piste RWY24 est encore complet. Par contre, celui de la RWY06 est en ‘souffrance’ !

Approche piste 06

En observant bien le terrain en zone ‘Est’ et ‘Ouest’, tout en respectant la signalisation des multiples zones militaires (voir plus bas), l’on peut trouver par endroit des restants de l’aérodrome allemand : les 2 pistes, des parties de taxi-track et parking, ou carrément les fondations d’un hangar. Tout cela a tendance à être couvert par la nature envahissante. N’oublions pas que cela fait plus de 10 ans que nos ‘bleus’ ont quitté les lieux !

Nostalgique… ? Interressé… ?

L’on ne peut que vous conseiller l’excellent livre ‘Gids voor het Belgisch Luchtvaartpatrimonium’ de Frans Van Humbeek (membre BAHA bien connu !) qui reprend des photos des bâtiments les plus marquants de la base de St-Truiden !

Para piste 24 Gauche

Des patrouilles de MP sillonnent les différentes zones militaires et non-militaires toutes les heures, jour et nuit. N’oublions pas que l’aérodrome est encore propriété de l’état pour sa plus grande partie et qu’une petite partie seulement a été concédée en prêt au secteur privé. La Police locale ainsi que des civils discrets complètent le travail entre les patrouilles militaires. Il est donc fortement conseillé de ne pas entrer dans les zones militaires et donc de respecter scrupuleusement la signalisation sous peine de très (très) sérieux ennuis… !

Mis à part le zoning industriel qui se situe à hauteur des zones ‘Nord’ et ‘Maintenance’ et la Zone Sud qui gardera son statut militaire, rien n’est encore décidé pour les zones ‘Est’ et ‘Ouest’ !

Certains parlent de démarrer plusieurs aéroclubs, d’autres de créer un nouveau musée (avec des avions militaires en ‘static display’) dans le second hangar Montoisy inoccupé pour l’instant. On évoque aussi un atelier de montage pour ULM… Les projets vont bon train mais l’avenir nous en apprendra certainement plus !

Last but not least, si vous avez encore et toujours la nostalgie de cet aérodrome, ou l’envie d’en découvrir l’histoire, une visite au ‘Historisch Center Luchtmachtbasis Brustem’ situé dans la superbe Abbaye de St-Trond (centre Ville) s’impose incontestablement. Vous y serez accueilli par des anciens qui se feront un plaisir de repondre à toutes vos questions !

L’entrée est gratuite, qu’on se le dise !

N’hésitez pas à contacter le Président du ‘Historisch Center Luchtmachtbasis Brustem’, le Cdt e.r. Luc VANHOVE lucvanhove75@hotmail.com si vous avez une question particulière !

Thierry CARDON

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Visite du ‘ Historisch Centrum Luchtmachtbasis Brustem ‘  Abdijstraat, 1 3800 St-Truiden

Le centre historique de la base aérienne militaire de Brustem nous retrace avec photos, objets, uniformes et panneaux explicatifs l’histoire de cette base de mai 1940 jusqu’a sa fermeture en 1996. Quatre périodes décrites : mai 1940, l’occupation allemande, le présence américaine et celle de la Force Aérienne Belge de 1946 à 1996.

Une des salles d’exposition

F104 disposé devant l’Ecole Royale Technique de Saffraanberg

Souvenir des Diables Rouges 1965-1977 avec ce Fouga Magister à l’ancienne entrée de la base