Olivier Geoffroy
Chers amis, bienvenue dans le monde fantastique du modèle réduit et plus particulièrement, dans celui de la reproduction de scènes ayant existé ; j’ai nommé : les dioramas.
Pour ce premier article, j’ai choisi quelque chose que je n’ai jamais fait auparavant, une scène maritime avec un hydravion d’un côté (objet principal) et une vedette lance torpilles d’un autre côté (objet secondaire). Pour un rendu conforme à la réalité historique, ces deux appareils ne se sont rencontrés que dans le nord de l’ Ecosse, dans les Orcades, en baie de Scapa Flow. Pour ce faire, il a fallu un travail considérable de recherches en amont, de compulsion d’archives textes et photographiques afin de toucher au plus près la réalité historique. Et il a fallu aussi la réunion parfaite (non mes chevilles ne gonflent pas trop, je vous remercie) des deux appareils à l’échelle 1/72e, échelle préférée à mon sens et qui permet un grand volume de représentation. Le reste est un condensé de bricolage, d’idées foisonnantes, de talent et de génie (non tout va bien, pas de mégalomanie en vue). Il faut être prêt au bon moment et au bon endroit.
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D’abord réunir tout le matériel nécessaire à l’élaboration d’une étape : un débarcadère avec un môle est nécessairement doté d’un phare. Comme il n’en existe pas dans le commerce de quelque façon que ce soit, il a fallu que je le confectionne moi-même à l’aide de petits pots de terre cuite pour les semences du jardin (posés à l’envers, ils forment la colonne du phare). Ces pots surmontent un autre pot posé aussi à l’envers, un peu plus imposant qui forme la base du phare. Tous ces pots sont percés en leur centre pour laisser passer une petite led sensée représenter la lumière qui guide les navires. La cage renfermant cette lumière est constituée d’un petit pot de confiture de dégustation de forme octogonale et d’un chapeau rouge récupéré sur un vieux flacon de déodorant. Mis en situation, le tout est bluffant surtout quand il rentre dans le diorama entièrement constitué. J’ai préféré gardé la coloration naturelle de tous ces matériels car, vieillis naturellement, ils donnent leur cachet au phare lui même. Considérant que ce phare est terminé, je le mets de côté, à l’abri, et je passe à l’étape suivante : le quai de débarquement et le môle de radoub.
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Pour ce faire, j’ai récupéré plusieurs planchettes de cageots de fruits et légumes assez épaisses afin qu’elles puissent encaisser le tranchant d’un tournevis plat ; celui-ci servant à représenter le relief des dallages du quai mais il a fallu faire très attention à la pression exercée. En effet, pas assez de pression et le relief n’est pas accentué, trop de pression et on passe à travers de la planchette. Je parle ici de pression suffisante et égale d’un bout à l’autre des 9 planchettes qui ont été utilisées sachant que celles-ci constituent la colonne vertébrale du diorama et en occupent les 3/4. J’ai omis de préciser que ce diorama, dans sa finalité, est établi sur une surface de 90cm de long et 65cm de large pour un poids de près de 9kg. Vous saurez par la suite pourquoi ce poids et pourquoi je n’ai pas pu faire autrement.
Mais avant de poursuivre, je crois bon de revenir sur les deux machines présentées plus haut. Tout d’abord la vedette lance torpilles. Utilisés alors dans la Royal Navy, la marine Norvégienne et la Royale Canadienne, ces navires sont connus surtout sous le nom de MTB d’après leur appellation en anglais. Cette machine est un type de torpilleur caractérisé par une vitesse de déplacement maximale pour cette puissance de feu, au détriment d’autres facteurs comme le blindage ou le rayon d’action. Conçues pour être manoeuvrables a grandes vitesses et s’approcher ainsi des navires ennemis à très courtes distances, ces vedettes pouvaient se mettre à l’abri des effets des explosions de leurs propres charges explosives.
Le bateau représenté est un type 4, soit le dernier modèle construit à cette époque. Je vous en donne ici les quelques caractéristiques :
Longueur : 21m
largeur : 4,5m
tirant d’eau : 1,2m
Moteurs : 3 moteurs Packard développant à eux trois 4200 ch
Déplacement : 47t
Armement : 4 tubes lance-torpilles de 533mm
1 canon de 20mm
6 mitrailleuses Browning calibre 30/30
Comme on peut le voir, le navire ou sous-marin touché par une seule des torpilles pouvait être envoyé par le fond sans coup férir. Néanmoins, le faible rayon d’action de ces engins les exposaient à retourner au port très souvent dans une seule journée pour ravitailler en mazout et, de ce fait, la ou les vedettes perdaient le contact avec l’ennemi ce qui laissait à celui-ci toutes les chances de s’échapper.
Intéressons nous maintenant à l’hydravion Short S25 Sunderland. Puissamment armé et doté de plus de 13 heures de vol, cet avion fut le meilleur patrouilleur de haute mer de la Seconde Guerre Mondiale contre les u-boot allemands. Le prototype vola pour la première fois en 1937 et il ne fut pratiquement jamais modifié ; ce fut le même appareil du début à la fin du conflit et il en a encore existé dans la marine Indienne et en Australie jusqu’à la fin des années 1950. C’est dire sa robustesse. Je vous livre ci-après les caractéristiques de ce grand « Pélican » :
Envergure : 34,50m
Longueur : 26m
Vitesse maximale : 340km/h à 3 000m
Masse maxi au décollage : 27 t
Rayon d’action : 4 800 km
Plafond pratique : 6 000m
Armement : 8 (ou plus suivant les versions) mitrailleuses de 7,7 mm et jusqu’à 2,2 t de bombes, mines ou charges de profondeur
Moteur : 4 Bristol Pégasus XVIII à pistons de 1 085 cv chacun
Equipage : 7 à 10 hommes
Outre la reconnaissance aérienne, cet appareil était aussi utilisé pour la recherche et la destruction des navires de surface et les sous-marins ennemis. Il servait aussi, chez les Coast Guards, au secours en mer et bon nombre d’aviateurs ou marins, de quelque nation qu’ils appartiennent, lui doivent la vie. Comme on le voit dans cette description, cet hydravion était un peu considéré comme la bonne à tout faire de l’aéronavale britannique. A ce sujet, l’équipage qui le montait pouvait être composé d’aviateurs formés à l’école de bombardement de Birmingham avec un stage d’évolution en hydraviation, mais aussi de marins aviateurs issus le plus souvent de la Royal Navy, ceux-ci ayant suivis une formation spécifique en détection électronique ; celle-ci aboutissant à l’emploi d’un radar ASV (air-surface).
Ici s’arrête la rappel historico-technique des deux machines visibles sur le diorama. Nous allons donc y retourner et je vais vous faire vivre la suite du montage de l’ensemble.
(Photos collection Olivier Geoffroy)