Pierre Labrude
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La base de Damblain appartient comme celle de Mirecourt à la troisième tranche de construction des bases aérienne de l’OTAN (2). Elle devait, selon MacAuliffe (3), devenir une base de l’USAFE (United States Air Force in Europe) et abriter des unités de chasse sous le nom de « base de Neufchâteau » bien que Damblain en soit plutôt éloignée. Ce projet ne se réalise pas, étant donné l’éloignement de la base par rapport à des villes d’importance suffisante (difficultés pour le logement des familles).
Damblain devient donc une base de secours bien que certains éléments figurant dans les Archives d’Epinal en fassent plutôt une base de dispersion. Elle fait l’objet de travaux dans les années 1980 (réalisation de merlons à des fins de camouflage).
A l’origine, le dépôt de munitions doit être construit dans la forêt située le long de la départementale 139, à quelques centaines de mètres de l’entrée principale. De forme rectangulaire, il est identique à celui de Mirecourt. Apparemment trop proche des installations aéronautiques, il n’est pas réalisé.
C’est une décision ministérielle du 20 février 1961 qui conduit à la construction du dépôt actuel. Mais l’entreprise titulaire du marché est déclarée en faillite en fin d’année. D’où choix d’un nouvel entrepreneur, ce qui entraîne des retards et aboutit, de ce fait, à une augmentation du coût des travaux. Le dépôt n’est achevé qu’en 1965 pour un montant légèrement supérieur à 163 millions de l’époque (4).
Ce dernier est donc construit dans le « Bois de la Petite Manche », en Forêt de Morimond (5), forêt située à quelques kilomètres de la base entre Lamarche et Fresnoy-en-Bassigny.
Il comporte un poste de garde, un poste d’électricité, trois igloos similaires à ceux de Mirecourt mais en meilleur état.
A l’exception des igloos, les bâtiments étaient en mauvais état.
Poste d’électricité (Pierre Labrude, octobre 2012)
Un »igloo » (Pierre Labrude, octobre 2012)
La seconde « pièce » d’un igloo (Pierre Labrude, octobre 2012)
Un des bâtiments classiques (Pierre Labrude, octobre 2012)
En conclusion, ces dépôts très mal connus, fréquemment oubliés des chercheurs, et dont les emplacements mêmes sont souvent ignorés, constituent encore actuellement des traces tangibles de la présence d’une base aérienne à proximité. Mais la disparition de celles-ci entraîne aussi l’abandon de ces annexes de faible surface, cachées dans les forêts et dont la plupart des rares bâtiments sont difficilement utilisables. Aussi convient-il de les recenser et de les photographier pendant qu’il en est encore temps afin d’en conserver un souvenir précis.
Sources documentaires
(1) MacAuliffe J.J., U.S. Air Force in France 1950-1967, Milspec Press, San Diego (CA 92110), 2005, p. 167 (Chambley-Bussières), 220 (Chaumont-Semoutiers), 284 (Etain-Rouvres), 444 (Grostenquin) et 450 (Marville).
(2) Service historique de la défense, Vincennes, 50 E 36818 (Levaillant A., Rousseau D., Gallien P. et Beylot M., Direction de l’infrastructure de l’Air 1945-1994, répertoire numérique détaillé de la sous-série 50 E, Armée de l’Air, Service historique, 2003, p. 206).
(3) MacAuliffe J.J., op. cit., p. 22-23.
(4) AD Vosges, 59 W 40.
(5) Il s’agit de la célèbre abbaye cistercienne Notre-Dame de Morimond, quatrième des « premières filles » de Citeaux, fondée en 1115 et dont les ruines se trouvent sur la commune de Parnoy-en-Bassigny.
Mise en page Laurent Bailleul