Armee Flug Park 17 (AFP 17)
– Belgique (Province de Hainaut)
Préambule
Pour réparer les avions endommagés dans le ciel de France, la 17ème armée allemande installe un champ d’aviation à Grandglise à la fin de l’année 1917.
Son choix s’est porté sur une vaste plaine située sur les territoires de Grandglise et de Quevaucamps, à proximité de plusieurs voies de communication.
Le terrain est bordé : au nord, par la route de Quevaucamps-Stambruges , à l`ouest par la chaussée Brunehault et au sud par la voie ferrée Ath-Blaton. La gare de Grandglise se trouve en bordure de terrain. Plus au sud, la grand route d`Homu à Barry et au sud-est, le canal Ath-Blaton.
Trois bosquets : les Sapinettes (quai de chargement), la Potêque, le Lancier (deux hangars) et le bois de Stambruges offrent un camouflage naturel aux hangars, aux quais ainsi qu’aux troupes de protection et autres supports indispensables à pareille installation.
J’ai donc commencé à chercher des infos au sujet de ce camp, sans grand succès, je dois dire. Il n`y a en effet plus de témoin de cette époque et mes recherches sur Internet, dans un premier temps, n`ont abouti à rien.
De fil en aiguille ou plutôt de clic de souris en clic de souris, via connaissances et sites, j’ai découvert un renseignement capital : il y avait bien un aérodrome allemand a Grandglise, désigné sous l’appellation AFP YF, pour ‘’Armee Flug Park 17’’. Pourquoi 17 ? parce qu’il dépendait de la 17ème Armée allemande, commandée par le général Von Mudra, dont le QG se trouvait à Mons.
C’est via un site allemand : www.flieger-album.de que j’ai eu de plus amples renseignements et, ô surprise, des photos d’époque, via un album photo inédit dont l’auteur reste anonyme à ce jour. J’ai pu y découvrir de multiples photos aériennes de surcroît.
Recherches
Muni de ces précieux renseignements, je me mis donc en quête de savoir ce qui pouvait bien subsister de ce ‘’passage’’ allemand sur notre territoire communal.
Grâce à la coopération de Ph. Degaute, lors de nos parcours cyclistes, nous avons pu déterminer les endroits où l’AFP 17 avait séjourné.
Des traces subsistent encore, tel ce ‘’casino’’ – mess allemand, enfoui dans la végétation le long de la route Mons-Tournai, à hauteur du carrefour dit ‘’du Marichau’’ qui, selon informations, aurait été dynamite par les Allemands lors de leur retraite en 1918. L`info est confirmée par un fermier local, qui m’a également désigné l’endroit, en précisant bien de 1914 et pas de 1940 !
Et, cerise sur le gâteau, j’apprends par Ph. Degaute, que l’Association pour la Sauvegarde du Patrimoine de Beloeil (A.S.P.B.) a rédigé un document relatant la vie sous l’occupation allemande en 14-18 et que ce document est en possession de sa maman…
J’ai alors découvert le remarquable ouvrage, détaillé, précis qui stipulait déjà l’existence de cet AFP 17, avec de nombreuses anecdotes et comptes rendus documentés.
Il faut dire que dès le début de 1914, une Kommandantur s`installe à Péruwelz et une ‘’station’’ (poste) est établie à Grandglise, à l’ancienne maison communale (aujourd’hui disparue)
Les aménagements du champ sont réalisés par des prisonniers de guerre russes, des déportés civils et des artisans locaux (menuisiers, charrons, charpentiers, forgerons) réquisitionnés pour travailler au profit de l’AFP 17.
Toujours d’après le livre de l’A.S.P.B., on apprend que les Alliés ont bombardé l’aérodrome mais sans grande précision. Les bombes n’atteignent pas leur but.
Cet ouvrage édité en 1983 par l’Association pour la Sauvegarde du Patrimoine de Beloeil, dont le titre est « La vie de chez nous, durant la guerre 14-18 et dans l’immédiate après-guerre », a pour auteurs : Marie-Chantal Demoutiez-Mariaule, Nadine Herchuée-Barrois, Fabienne Payen, Bernard Duhant.
Traces – Indices
En février 1918, les plus beaux immeubles de Grandglise sont réquisitionnés et leurs propriétaires expulsés. Ainsi, à la rue de Stambruges, les Duchâteau-Battard laissent leur propriété aux officiers du camp.
Les hangars de réparation, qui subsistent toujours, se trouvaient rue de la Délivrance.
La maison du bourgmestre Antoine Vanderborght, sise au ‘’Vert gazon’’, a été réquisitionnée pour loger les pilotes. (est-ce pour cela, que le bunker sis le long de la grand-route a été construit comme abri bétonné ? Mystère, je n`ai pu en avoir confirmation ou infirmation).
Le champ d’aviation longe la chaussée Brunehault et, au lieu-dit ‘’Le Lancier’’ se trouvait même une ‘’Flugschule’’, école de pilotage.
Des baraquements en bois, aujourd’hui disparus, permettaient d’assurer la réparation des avions.
Hangars réparation avions (coll Kurt-Werner Dittmann)
Toujours via les albums photos, je découvre deux tickets de cinéma (Kino) dont la salle de projection se trouvait à Stambruges, rue des Ecoles (où se trouve l’actuel magasin de vêtements de sports). Contact pris avec le propriétaire, M. Normand T. , j’ai la confirmation : les Allemands avaient installé un cinéma où les ‘’zivils’’ étaient admis
Pub cinéma KING
Composition de l’AFP 17
Selon les sources allemandes, un AFP était un support logistique aux troupes aériennes. Il devait être établi non loin d’une voie ferrée et des voies de communication.
L’AFP 17 correspondait en tous points à ces critères.
Il dépendait de « L’lnspektion der Fliegertruppe ›› basé à Maubeuge, pour les Flug Park
– 4 (Gand)
– 6 (Tournai)
– 2 (Valenciennes)
– 18 (Guise)
Cet ‘’Inspektion der Fliegertruppe’’ dépendait du ‘’Flugzeugmeisterei’’ basé à Berlin Adlershof.
il semblerait que ces AFP aient été établis pour de courtes périodes, probablement eu égard aux circonstances de guerre.
Le commandement de l`AFP était confié à un Hauptmann ou capitaine, avec un lieutenant en second, et un état-major.
Il comprenait aussi :
– Un lieutenant comme officier
– Un lieutenant responsable du pool pilote
– Un lieutenant en charge du pool observateurs
– Un officier en charge de la section photo
– Un lieutenant en charge du dépôt des pièces d’avion (hélices-moteurs-roues-etc …) ainsi qu’un dépôt d’essence et d’huiles
– Un magasin d’uniformes
– Une section ‘’Moteur’’ et ‘’Transport’’ sous la responsabilité d’un officier
– Un officier responsable des travaux sur avions (mécanique et peinture).
Les avions de réserve pour le front arrivaient par chemin de fer et étaient assemblés sur place. Selon les sources, en avril 1918, l’effectif militaire de l’AFP, était de 27 officiers et de 128 soldats. La seule chose qui me soit parue bizarre dans le récit de l’annexe de l’A.S.P.B. de 1983 est le fait qu’on y fasse mention ‘’des souris grises’’ qui logeaient chez Boitte. Selon des renseignements obtenus auprès des autorités allemandes, il pourrait s’agir du corps des infirmières, mais elles n’ont pas été mises en place à l’AFP car il n’y avait aucun hôpital. Cette appellation convient aux auxiliaires féminines de la Seconde Guerre .Mondiale
Qui étaient donc ces ‘’souris grises’’ in fine ?
Remerciements
Aux auteurs cites plus haut, pour le remarquable travail accompli,
A Ph. Degaute et aussi à sa maman, grâce à qui j’ai pu connaître les auteurs dont question supra et découvrir quelques lieux nommés dans cet article.
A JL. Deuly pour les documents photos et son aimable disponibilité
A M. Marchand pour quelques documents photos et son amabilité.
Remerciements particuliers
A Helge Kurt-Werner Dittmann, Webmaster de www.flieger-album.de qui est le petit-fils de W. Dittmann. Qu’il soit ici remercié pour sa totale participation à ce projet rédactionnel et pour son aimable autorisation de reproduction des photos.
Robert Lestrade
(article publié dans la revue de l’Association pour la Sauvegarde du Patrimoine de Beloeil)
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Vestiges encore existants
- Hangar
(Coll Robert Lestrade)
- Kasino
(Coll Robert Lestrade)