Pays | France |
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Département | Yvelines |
Nom | TOUSSUS - PARIS |
Autre appellation | N/A |
Commune (s) | TOUSSUS LE NOBLE |
Coordonnées | 48°44'45.0"N / 2°06'10.9"E |
OACI | N/A |
Situation | TOUSSUS LE NOBLE |
Utilisation | Terrain aviation Populaire de 1932 à 1939 |
La revue L’Aérophile d’avril 1933 annonce la parution récente d’une fiche Toussus-Paris dans l’Atlas aéronautique du ministère de l’air. Cette fiche, datée de décembre 1932, montre bien l’existence de deux aérodromes voisins (Toussus-le-Noble et Toussus-Paris), alors qu’une autre fiche, relative à Toussus-le-Noble et datée d’octobre 1931, ignore la présence de Toussus-Paris.
Carte de l’aérodrome de Toussus le Noble, extraite de la fiche Toussus le Noble de l’Atlas Aéronautique du ministère de l’Air, octobre 1931, échelle 1/100 000 (MAE) sur cette carte datée d’octobre 1931, figurent les aérodromes de Mérantais, Toussus le Noble et Buc.
Carte de l’aérodrome de Toussus-Paris, extraite de la fiche Toussus-Paris de l’Atlas aéronautique du ministère de l’Air, décembre 1932, échelle 1/100 000 (MAE). Sur cette carte datée de décembre 1932 apparaissent deux nouveaux aérodromes : Guyancourt et Toussus-Paris.
La mise en place du nouvel aérodrome se situe donc entre ces deux dates, du moins si les mises à jour de l’Atlas n’ont pas subi de retard. Comme on imagine mal des travaux pendant l’hiver, 1932 semble être l’année de création la plus vraisemblable.
Une délibération du Conseil Municipal de Toussus-le-Noble confirme cette datation et la complète. Lors de la séance du 14 novembre 1931, le maire donne en effet « lecture au Conseil d’une lettre qu’il a reçue de la Société Baxter Aviation qui vient de se rendre acquéreur d’un terrain sur les territoires de Châteaufort et de Toussus-le-Noble pour y installer un terrain d’aviation » demandant le détournement du chemin rural dit « des Boulangers » qui coupe en deux le futur aérodrome (1) . Ce chemin figure encore sur le plan de l’aérodrome Paris-Toussus du Guide aérien Michelin France 1935-36 et existe toujours en 1938 puisque le propriétaire de l’époque, la société anonyme Paris Toussus Aviation, demande sa déviation au préfet de Seine-et-Oise.
Selon le plan extrait de l’Atlas de 1932 et les photographies et descriptifs de l’époque, les installations de Toussus-Paris comprennent dès l’origine : deux hangars métalliques avec couvertures en fibro-ciment et pistes en ciment, le premier servant d’abri commun et le second d’atelier ; des clôtures en ciment armé à l’entrée du terrain ; des cercles de signalisation et des balises. Il existe au moins une photographie aérienne de la plate-forme montrant un seul hangar construit sur les deux, celui situé le plus à l’ouest, c’est-à-dire l’abri commun, ce qui prouve son antériorité. Le second, servant d’atelier, est bâti néanmoins très peu de temps après puisque les deux hangars figurent l’un et l’autre, de même que les balises et les cercles de signalisation, sur le plan de décembre 1932 (2) . Vers 1936, est entreprise la construction d’un bâtiment dit Club-House avec étage et toit-terrasse, à usage d’hôtel, de bar et de bureaux.
Vue aérienne Toussus-Paris, vers 1934
L’aérodrome, qui appartient aux époux Godillot en 1937, est vendu pour la somme de 1 240 000 francs à la société anonyme Paris Toussus Aviation par acte notarié du 30 décembre 1937. Édouard Godillot, ingénieur, avait acquis pour 1 100 000 francs les 55 ha 86 a 84 ca (16 ha 26 a 80 ca sur Châteaufort + 39 ha 60 a 04 ca sur Toussus) de terrain constituant l’aérodrome, ainsi que divers bâtiments, de M. Henri Joseph Nivet, propriétaire à Toussus, et de M. André Arthur Alfred Tronchon, propriétaire agriculteur, maire de Toussus, par acte notarié du 23 mars 1937. M. Godillot avait par ailleurs acquis « les différents éléments pouvant subsister du fonds de commerce (enseigne, nom commercial, clientèle, petite licence de marchand de vin, mobilier de bureau, bar comptoir et mobilier de bar) d’aéroport civil connu sous le nom de « Toussus Paris » qui était exploité dans les immeubles ci-dessus désignés par la Société Aérodrome Toussus-Paris, anciennement Société Anonyme Française Aéronautique, du fait de la faillite de cette Société, suivant procès-verbal d’adjudication dressé par Me Monjou, notaire à Versailles, le 13 avril 1937 ».
Les époux Godillot sont donc, en 1937, les premiers à acheter à leurs propriétaires les terres agricoles sur lesquelles est installée la plate-forme, ce qui implique que la société Baxter Aviation ne l’avait pas fait en 1931. Cela semble contredire la lecture de la lettre de cette société faite au conseil municipal du 14 novembre 1931.
Tous les bâtiments, ainsi qu’un pavillon en dur avec étage et toit-terrasse à usage de bureaux et de logement pour le chef de centre, étaient encore présents sur le terrain en 1950 même si les charpentes et les toitures des hangars, soufflés par les bombardements de 1944, avaient particulièrement souffert et nécessitaient d’importants travaux de réparation. Si le logement du chef de centre a disparu, les deux hangars et le Club-House subsistent encore aujourd’hui. Les hangars de l’actuelle zone Sud sont orientés parallèlement à la limite sud-est de l’aérodrome de Toussus-Paris. Les autres limites de l’aérodrome de Toussus-Paris, ainsi que celles de l’aérodrome Farman, sont encore bien visibles sur des plans de 1969. Cette topographie complexe, liée à l’existence de la rigole de Guyancourt et à l’historique de la plate-forme a déterminé le tracé sinueux de la route d’accès actuelle et explique pourquoi le front des hangars est loin d’être rectiligne et parallèle aux pistes comme cela serait le cas sur un aérodrome aménagé en une seule fois.
Il est aisé de reconstituer le Toussus-Paris d’autrefois dans le Toussus-le-Noble d’aujourd’hui. La plate-forme gazonnée s’étendait à l’emplacement des installations de la zone Sud, de la trouée d’envol des hélicoptères, des deux tiers ouest de la piste n° 1, la plus au sud, et d’une surface située au nord à peu près symétriquement par rapport à celle-ci, surface sur laquelle se trouve l’antenne VOR. Le nom TOUSSUS-PARIS figurait en grandes lettres blanches tracées verticalement vers le nord au milieu de la plate-forme, au centre d’un cercle de signalisation (3) . Le hangar-avions était celui qu’occupe l’Aéro Touring Club de France (ATCF). Le hangar-atelier, loué à Jean-Baptiste Salis, était celui de Tudair. Le logement du chef de centre se trouvait à l’étage et les bureaux au rez-de-chaussée d’un pavillon avec terrasse, situé derrière l’actuel restaurant de l’ATCF et démoli après 1982 pour vétusté (4). Le Club-House était constitué par les deux premiers niveaux de la tour de contrôle, sans les adjonctions récentes. D’après les plans de l’époque, l’aérodrome semble avoir eu deux entrées : l’une à proximité du pavillon du chef de centre (5) et l’autre près du Club-House, c’est-à-dire de la tour de contrôle actuelle.
Il subsiste donc aujourd’hui à Toussus-le-Noble trois bâtiments datant de l’entre-deux-guerres : deux hangars de conception très voisine, avec charpente métallique, fermés par une grande porte métallique coulissante et le Club-House. Ces hangars ont été maintenus en état et ont bénéficié d’importants travaux de réparation après les bombardements de 1944. Ils sont toujours en place, mais ne sont vraisemblablement plus constitués de tous leurs matériaux d’origine. Le Club-House était inachevé en 1939 et la plupart de ses aménagements intérieurs ont été réalisés de 1939 à 1944 (6) . Si la guerre l’a relativement épargné, d’importants travaux complémentaires ont cependant été exécutés de 1946 à 1950.
Tandis qu’en mitoyenneté, l’aérodrome Farman est le terrain privé d’une firme établie, l’aérodrome de Toussus-Paris, est celui de l’aviation populaire. C’est le terrain des clubs chargés de donner au pays les futurs pilotes dont il a besoin.
L’État encourage cette aviation par des primes à la formation au pilotage et à l’achat d’appareils. On voit se développer en France plusieurs types d’appareils afin de mettre l’avion à la portée de tous : des inventions de conception totalement neuve comme le Pou du Ciel, des appareils dérivés du planeur comme l’AVIA 50, des avions de faible puissance issus de l’aviation classique dans le but essentiel de réduire le prix de vente comme l’ex-nouveau Moustique Farman. Nombre d’entre eux sont mis au point ou viennent voler à Toussus-Paris.
C’est ainsi que le 1er septembre 1933, l’aérodrome de Toussus-Paris commence à prendre le sympathique aspect d’un aérodrome de fanatiques d’aviation légère grâce à Jean-Baptiste Salis qui installe les premières activités de l’aérodrome dans le cadre de la SAFA (Société anonyme française aéronautique). Il créé une école de pilotage, une station-service, des ateliers pour, entre autres, remettre en état de vieux avions qu’il récupère avant de les revendre à des aéroclubs dont les moyens financiers sont limités. Au centre du village, Jean-Baptiste Salis loue la grange de l’ancienne ferme Boullé, le long du chemin de la rigole dans laquelle il entasse tout un bric à brac de pièces détachées. Fin 1933, il fonde, totalement dans l’esprit qui anime alors le terrain de Toussus-Paris, Les Casques de Cuir, une association d’entraide et de promotion de l’aviation légère. II quittera Toussus au moment de la guerre.
Viennent aussi s’installer entre autres, l’Aéro-Club de Paris et devenir « le plus bel aérodrome de la Région Parisienne »
Lors de la guerre d’Espagne 1936-1937 Le gouvernement français, dans un premier mouvement, répond favorablement à la demande de livraisons d’armes et d’avions des républicains espagnols. Devant les réactions que cette prise de position suscite, il adopte le parti d’ignorer avec bienveillance les nombreuses initiatives privées qui se manifestent : sociétés de façade, avions civils transformés sur place à usage militaire, appareils empruntés aux Aéro-clubs, avions de tourisme abandonnés par hasard en Espagne par des pilotes connus…
A Toussus-le-Noble, plusieurs avions qu’il destinait aux républicains espagnols sont détruits, en août 1937, par un attentat à l’explosif attribué à Jean Filliol, l’exécutant des œuvres de la Cagoule : Le sabotage est considéré comme le premier plasticage commis en France.
De son côté, la Maison Farman met au point un avion école dont les républicains ont besoin pour former leurs propres pilotes, la plupart des pilotes militaires espagnols étant plutôt nationalistes. Au printemps 1936, André Desaleux conduit les essais d’un monoplan parasol, biplace, assez rustique, le F480, dont douze exemplaires, c’est à dire la totalité de la production, sont convoyés en Espagne par des pilotes civils qui «franchissent sans difficulté la frontière grâce aux bons soins d’une douane avertie ».
Fiche Aériastory 3/2020
Rédacteur : Georges Beisson et Gérard Finan
Extraits de : huit aérodromes sur un plateau et d’Azur et dOr
Notes :
(1) Archives départementales des Yvelines (ADY 30245 1 Voirie).
(2) La fiche qui l’accompagne précise d’ailleurs que le terrain dispose d’un « hangar métallique de 24×40 m et de divers hangars en construction dont un hangar atelier pour réparations ».
(3) L’aérodrome de Toussus-Paris a été ouvert jusqu’en 1935 à la circulation aérienne publique.
(4) On le voit encore sur une photographie aérienne de la Base aéronautique navale (BAN) prise à cette date : cf. Jean Lazennec, op. cit., p. 76
(5) Non loin de l’entrée ouest de Toussus-le-Noble condamnée il y a quelques années pour dissuader le trafic automobile de transit.
(6) Cf. Notes du service des ponts et chaussées de Seine-et-Oise du 30 juin 1948 et du service des domaines du 27 mars 1950. Cela semble en contradiction avec les informations données par l’Atlas aéronautique de 1932 qui, à la rubrique logement, signalait l’existence d’un « club-house comprenant 16 chambres à coucher, salles de bain, restaurant, salon de repos et jeux divers » : s’agissait-t-il de la simple description du projet ou d’un aménagement provisoire ?