Terrain d'opérations de BRÉTIGNY - LE PLESSIS-PATÉ (Essonne) | ||||||
Décidée début 1938 par le ministre de l'Air, la création d'urgence de l'aérodrome de Brétigny - Le Plessis-Paté devait, "ensemencement non compris", constituer une opération terminée à la fin novembre de la même année. Aucun accord amiable n'ayant été obtenu des propriétaires concernés, ordonnance d'expropriation fut rendue en juin par le président du tribunal civil de Corbeil pour la totalité des 120 ha couverts par le projet (aplat bleu sur la carte). La vocation d'être le prolongement terrestre d'une hydrobase de dimensions pharaoniques fut à cette époque envisagée pendant quelques mois pour l'aérodrome de Brétigny. Trace peut en être trouvée dans une correspondance très confidentielle du 16 avril 1938 par laquelle le ministre de l'Air informait son correspondant de ce que "les besoins des liaisons transatlantiques (le conduisaient) à envisager la création, dans un avenir prochain, d'une base d'hydravions de très grandes dimensions à proximité immédiate de l'aérodrome dont la réalisation (avait) été décidée dans la zone de Corbeil - Melun". Une esquisse, établie par le service de la Navigation de la Seine, dévoile en effet, à proximité nord-est immédiate du nouvel aérodrome de Brétigny – sur lequel des pistes de mêmes orientations avaient été tracées – l'intention de creuser trois chenaux sensiblement convergeants ayant chacun 500 m de largeur et une longueur qui, de 4 000 m à 4 200 m, pouvait être prolongée jusqu'à 7 000 m.
Après qu'une conférence sur place eût permis, en mars 1939, de fixer à environ 200 ha l'importance des extensions à réaliser, le ministre de l'Air chargea le service de la Navigation de la Seine de la préparation des dossiers devant lui permettre de déclarer les acquisitions foncières d'utilité publique et urgente en application des décrets-lois du 30 octobre 1935. S'agissant du centre de réception des aéronefs de série, auquel était destinée l'extension nord de l'aérodrome (aplat orangé sur le plan), la décision ministérielle prescrivant l'expropriation des terrains n'intervint qu'en juin 1939 du fait de la difficulté d'évaluation ayant momentanément résulté, pour les Domaines, de l'existence d'un lotissement qui se révélera finalement n'être qu'un morcellement en jardins frappé d'inconstructibilité. La procédure d'expropriation poursuivie envers les propriétaires, qui n'avaient pas accepté les estimations de l'expert judiciaire, sera rattrapée par les événements puisque la réunion de la commission arbitrale d'évaluation fixée au 28 juin 1940 n'aura naturellement pas lieu. Destinés à accueillir les formations de l'Armée de l'Air transférées de Villacoublay, les 148 ha de l'extension sud (également couverte par un aplat orangé sur le plan) donneront lieu à décision ministérielle d’expropriation dès la fin d'avril. Instruction fut alors donnée au service de la Navigation de la Seine d'occuper au plus vite les terrains de manière à ce que l'installation de la base puisse être effectuée en avril 1940. L'importance des acquisitions à réaliser sera toutefois revue à la hausse suite à l'observation faite par le service des Domaines que l'importance des indemnités à prévoir pour l'acquisition partielle privant de ses bâtiments la ferme dite de Bressonvilliers rendait avantageux pour l'État que ladite propriété soit acquise en sa totalité. Ainsi le programme d'acquisitions de l'extension sud se trouva-t-il majoré de 96 ha de terres agricoles sans réelle utilité pour l'aérodrome (délimités en vert sur le plan) qui tomberont également sous le coup de l'ordonnance d'expropriation, laquelle ne sera prononcée qu'à la fin mars 1940. Tandis que le secrétariat d'État à l'Aviation héritait de la charge d'indemniser les propriétaires expropriés, les Allemands s'installèrent sur l'aérodrome qu'ils élargirent considérablement vers l'est et le nord (zone hachurée en orange sur le plan) de manière à pouvoir l'équiper de deux pistes en béton de 1250 m x 60 m et 1 300 m x 60 m, auxquelles fut associé tout un ensemble de voies de relation et d'aires de stationnement (les infrastructures allemandes sont reportées en noir sur le plan). Au sud, par contre, la ferme de Bressonvilliers fut durant l'Occupation utilisée en tant que telle par l'armée allemande qui, lorsqu'elle évacua les lieux, laissa sur pied la presque totalité de la moisson. D'abord reprise par le Comité local de Libération, l'exploitation de ladite ferme fut, par mise en adjudication, replacée dans un cadre administratif normal sans attendre que sa situation domaniale fût définitivement tranchée. Il faudra d'ailleurs attendre une quinzaine d'années pour qu'il en soit à peu près ainsi. La ferme de Bressonvilliers aura, entre temps, en 1950, d'abord été remise aux Domaines pour être aliénée. La procédure sera toutefois interrompue en 1952 par la demande de rétrocession déposée par l'ancien propriétaire, au motif que le bien dont il avait été exproprié n'avait jamais été utilisé pour les besoins ayant justifié sa dépossession. L'ensemble immobilier fera ensuite l'objet, à partir de 1954, d'une demande de réaffectation au ministère des Armées de manière à permettre l'extension du Centre d'essais en vol. Cette demande aboutira favorablement en 1959. En 1961, enfin, l'Institut national de la recherche agronomique se verra attribuer, par convention passée devant l'administration des Domaines, l'autorisation d'installer des laboratoires dans plusieurs bâtiments identifiés et d'effectuer des cultures expérimentales sur "divers" terrains de l'aérodrome. Parmi ces divers terrains figure, sans être formellement désignée dans la convention, la ferme de Bressonvilliers qui se trouve, par contre, être demeurée hors clôture de l'aérodrome. |
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