Envisagé en 1942 dans le cadre de l’établissement d’un Plan général d’équipement national, l’aménagement d’un aérodrome desservant les villes balnéaires d’Eu, Mers et Le Tréport visa tout naturellement l’emplacement du plateau de Touvent qui avait été retenu, trois ans plus tôt, par les armées alliées pour y établir un terrain militaire. La réquisition (approximativement délimitée en bleu sur la carte) qui avait suivi cette décision ayant été levée dès 1940, les agriculteurs concernés avaient par contre, entre temps, pu remettre leurs terres en culture.

La mise en chantier, à la Libération, du Plan d’équipement aéronautique conduisit tout aussi naturellement à ce que soit exhumée cette précédente idée, à la grande inquiétude des cultivateurs menacés qui rappelèrent qu’il existait, non loin de là, en bordure ouest de la R.N. 40, sur un emplacement de bien moindre qualité agricole, un ancien terrain de manœuvres, dit de l’Hermitage, acquis par l’autorité militaire en 1914-1915, aménagé en terrain d’atterrissage de 1915 à 1918 et laissé depuis sans destination précise.

Loué à l’État par l’Aéro-club de la Bresle, en mars 1947, ce terrain de 16 ha (aplat vert sur la carte) fut, également par voie de location, complété par une parcelle privée de 5 ha (aplat bleu) de manière à constituer un aérodrome privé qui, faute de présenter les caractéristiques requises, ne sera agréé qu’en juin 1953.

C’est précisément en cette même année 1953 que l’autorité militaire demandera la restitution de l’ancien champ de manœuvres et que, par voie de conséquence, l’administration des Domaines résiliera unilatéralement le bail de 1947.

Plusieurs solutions par voie d’échange seront successivement imaginées par la direction des Bases aériennes, lesquelles feront notamment intervenir l’ancien aérodrome du Havre - Bléville (bien que la majeure partie de ses 25 ha fût déjà destinée à être échangée pour permettre l’aménagement de l’une des trouées d’ Octeville puis celui, alors également condamné, de Rouen – Boos, jusqu’à ce que le ministère de la Défense demande que la prospection soit recentrée sur ou à proximité de la ville d’Eu où l’Aviation civile n’avait malheureusement rien à offrir…