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École d'aviation d'ISTRES (Bouches-du-Rhône) et ses pistes satellites des CHANOINES, de LAMANON, du MAS-de-RUS, du MAZET-de-ROMANIN, de MIRAMAS, du RETOUR-des-AIRES, de TERRUSSE,
du VALLON et de VERGIÈRES

Ouverte en mai 1917 pour contribuer loin du front à la formation des pilotes militaires, l’école d’Istres était alors installée sur une propriété, dite du Tubé, à proximité immédiate de la ville et en limite est de la plaine de la Crau.

L’importance rapidement prise par l’école et l’impossibilité de concentrer son activité sur un même terrain d’atterrissage omnidirectionnel conduisit, avant même la fin de la guerre, où elle réunira près de deux mille hommes et de cinq cents avions, à déporter une partie de cette activité sur Miramas.

Cette dispersion, que pratiqueront également par la suite les écoles d’Avord , d’Étampes et de Salon, connut à Istres un développement particulier pendant toute la période de l’entre-deux-guerres, à la fin de laquelle neuf "pistes" satellites seront venues graviter autour du site principal, qui regroupait lui-même quelques autres "pistes", dont celle du Tubé, dans un ensemble de 1 170 ha appartenant au territoire des communes d’Istres et de Fos-sur-Mer (la localisation des pistes satellites de l’ancien Centre école d’Istres fait l’objet de la planche 1).

Les installations de l’école d’aviation, qui s’étaient dès l’origine fixées à l’est de la piste du Tubé (délimitée en violet sur la planche 2) se développèrent entre 1923 et 19251 selon un axe nord / sud le long duquel quatre Groupes numérotés de I à IV furent établis à intervalle régulier de 2 250 m.

Ce développement linéaire rejoignit, au nord et au milieu des années trente, la piste annexe du Paty (délimitée en vert sur cette même planche 2) dont les 35 ha avaient, avant d’être acquis, été pris à bail par l’État en 1929.

S’agissant cette fois d’une "piste" au sens actuel du terme, celle en béton de 1500 m x 40 m, dite "des Grands raids", fut mise en chantier en 1930 en limite ouest de la piste du Tubé selon l’orientation N-N-O / S-S-E opposée dans un sens au mistral et dans l’autre au vent de mer (l’emprise ainsi progressivement constituée en 1940 est couverte par un aplat orangé sur la planche 2).

S’agissant des pistes satellites de l’école d’aviation d’Istres, les informations conservées en archives pour chacune d’elles sont rassemblées ci-après.

    - C’est ainsi donc que, expropriés en juillet 1937, les 113 ha ayant constitué l’emprise de la piste des Chanoines furent, après la guerre, remis en culture par voie d’amodiation avant d’être déclassés en 1960 en vue d’être aliénés. Remis aux Domaines en avril de l’année suivante, ils feront alors peu après l’objet d’une demande de suspension de procédure de la part du ministère des Armées "Air", le terrain étant "susceptible de recevoir à nouveau un usage militaire". La difficulté et le coût que présentait la réalisation de l’aérodrome régional d’Arles là où le prévoyait le plan d’équipement aéronautique conduiront peu après la ville, la chambre de commerce et l’aéro-club local à proposer le transfert du projet sur le site des Chanoines. L’Armée de l’Air estimera toutefois que les vols effectués dans le secteur visé par les avions basés à Istres et le projet de création d’une seconde piste sur la base ne permettaient pas que se développe une activité aéronautique civile ou militaire sur le terrain des Chanoines. Le motif de suspension de la procédure d’aliénation ayant ainsi disparu, celle-ci pourra alors reprendre son cours.
    - L’ancienne piste de Lamanon se distinguait à double titre des autres pistes satellites de l’école d’aviation. D’une part, en effet, elle était située hors de la plaine de la Crau, à 20 km au N-N-E d’Istres. D’autre part, elle fut de création tardive puisqu’elle donna lieu à deux ordonnances d’expropriation qui n’intervinrent successivement qu’en mai 1941 et juillet 1942. Couverts partiellement de vignes, les 83 ha de son emprise furent alors donnés à bail pour être remis en culture et n’apparaissent pas avoir renoué depuis avec leur vocation aéronautique d’origine.
    - Expropriés en juillet 1937, les 106 ha ayant accueilli la piste du Mas-de-Rus ont été remis en culture pendant l’Occupation. Ce traitement ayant sensiblement affecté la planéité de la plate-forme, celle-ci se trouva être inutilisable du point de vue aéronautique à la Libération. Maintenue en culture par voie d’amodiation, elle sera désaffectée en 1954 et remise aux Domaines pour les deux tiers de sa surface.
    - La piste de Miramas, dite également du "Pont de Capellan", réunissait, dans un ensemble de forme sensiblement carrée, 81 ha acquis par expropriation en mai 1930. Utilisée comme dépôt de munitions à la Libération, elle est aujourd’hui incorporée à un camp militaire.
    - Rassemblant sous une forme sensiblement carrée 97 ha situés en bordure de la R.N. 568 reliant Arles à Marseille, l’emprise de la piste du Retour-des-Aires fut acquise par actes administratifs conclus en septembre 1931. Neutralisée par les Allemands, comme le fut celle de Vergières, cette ancienne piste annexe sera, toujours comme celle de Vergières, estimée en septembre 1951 ne présenter aucun intérêt aéronautique et promise, par suite, à aliénation. Donnée en pacage à la Compagnie agricole de la Crau, elle fera en 1966 l’objet d’un échange sans soulte avec cette dernière contre un terrain de 90 ha situé à l’ouest de l’aérodrome d’Istres en vue de "l’aménagement de nouvelles installations pour l’essai des barrières d’arrêt et la création d’une aire de sécurité".
    - Constituant un ensemble de forme polygonale irrégulière, les 111 ha d’emprise de la piste de Terrusse ont été expropriés en juillet 1937. Désigné dans l’incertitude de son avenir, en septembre 1951, pour être amodié en vue de la culture, le terrain apparaît aujourd’hui avoir perdu tout usage aéronautique et militaire.
    - De forme elle aussi sensiblement carrée, l’emprise de la piste du Vallon fut constituée, pour les cent premiers hectares, par expropriation prononcée en  janvier 1926, puis, pour un complément de 43 ha, par une seconde expropriation rendue en octobre 1940 concluant elle-même une procédure lancée par le ministre de l’Air en janvier  de la même année. Seule à avoir, parmi les pistes annexes d’Istres, été désignée, en septembre 1951, comme devant être maintenue en état d’utilisation aéronautique, celle du Vallon est devenue aujourd’hui un camp militaire.
    - De forme polygonale irrégulière, les 121 ha ayant constitué la piste de Vergières avaient été acquis par actes administratifs en décembre  1933. Neutralisée par les Allemands au moyen de tas de cailloux disséminés, la plate-forme sera estimée en 1951 ne présenter aucun intérêt aéronautique et être, par suite, destinée à être aliénée en vue de procurer de nouvelles ressources au Trésor.
    - De création décidée en 1936, la piste pour vol dans les remous avait pour destination de familiariser les pilotes avec le vol en montagne. Elle présente, comme celle de Lamanon, la particularité de ne pas avoir été implantée dans la plaine de la Crau mais, compte tenu de sa destination, au pied de la chaîne des Alpilles. Elle a en outre pour originalité d’être la seule à avoir donné naissance à un aérodrome existant encore aujourd’hui : celui du Mazet-de-Romanin.
    Sa naissance fut pourtant difficile puisque, la situation budgétaire ne permettant pas d’envisager la réalisation immédiate du projet de 80 ha (ensemble couvert en orange sur la planche 3) établi en conférence locale, le ministre de l’Air demanda en mai 1937 qu’une nouvelle conférence reprenne l’étude de manière à définir une "piste" de dimensions réduites pouvant être construite en première urgence et "agrandie ultérieurement par étapes successives".
    Quatre degrés d’urgence furent ainsi définis à la fin juin 1937, sur la base desquels les services du Génie obtinrent de l’unique propriétaire des terrains correspondant aux deux premiers degrés et couvrant respectivement 21 et 22  ha une promesse de bail assortie d’un engagement de vente au prix estimé par l’administration des Domaines.
    Le ministre de l’Air put ainsi, dès le 17 août  1937, décider l’acquisition des emprises correspondant à la première et à la deuxième urgences dans les conditions qui lui étaient ainsi proposées (la limite de l’ensemble, qui correspond à l’emprise actuelle de l’aérodrome, est reportée en rouge sur la planche 3).

Ayant pris possession de l’aérodrome d’Istres en  novembre 1942, les Allemands prolongèrent de 300 m au sud la piste des Grands Raids et dotèrent l’ancienne "piste" du Tubé d’un dispositif ramifié de dispersion (incorporant les 1500 m de piste construits en 1930, les infrastructures allemandes sont reportées en noir sur la planche 2).

Gravement endommagée lorsqu’elle passa sous commandement allié, la base d’Istres fut remise en état et notamment équipée d’une piste de campagne, dite "piste huilée", de 1800 m de longueur, parallèle à celle des Grands Raids, à 200 m à l’est de celle-ci et complétée par un taxiway parallèle ainsi que par une voie de relation à la zone des installations en plaques P.S.P. (les infrastructures américaines sont reportées en bleu sur la planche 2).

Le projet de créer près de Marseille un "port aérien mondial" ayant survécu à celui défunt de la plaine de l’Arc, l’aérodrome fut, le 10 janvier 1947, affecté à titre principal et exclusif à l’Aviation civile. Encore alors occupé par les Alliés, il n’apparut en revanche sur aucune des listes annexées à l’arrêté ministériel du 6 février 1947 qui, par contre, interdit ses anciennes pistes annexes2 à la circulation aérienne publique en raison de leur affectation spéciale...

N’écartant pas la possibilité de lui associer une hydrobase dans l’anse du Ranquet, qui aurait été reliée aux installations terrestres par une autoroute de 6 km, un avant-projet fut établi pour l’aéroport d’Istres qui prévoyait deux pistes de 3 150 m conservant, l’une, l’axe N-N-O / S-S-E de la piste des Grands Raids et adoptant, l’autre, l’orientation E / O.

Pris en considération et soumis à consultation par le ministre chargé des Transports en 1949, cet avant-projet sera naturellement abandonné suite à l’arrêté interministériel du 17 avril 1951 qui désignera l’Armée de l’Air comme affectataire principal de l’aérodrome.

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1 Les plans de l’aérodrome successivement donnés par le Bulletin de la Navigation Aérienne en mars 1923 et avril 1925 permettent de situer dans l’intervalle ce changement de configuration.

2 Sauf celle du Mazet-de-Romanin qui fut ouverte au vol à voile.


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