Terrain de secours de LÉZIGNAN - CORBIÈRES (Aude) | ||||
L'initiative de créer un aérodrome à Lézignan fut celle d'un garagiste local, "motoriste d'automobiles et d'aviation de tourisme", qui en janvier 1930 avait déjà sommairement aménagé une aire rectangulaire d'atterrissage de 350 m x 220 m sur un terrain plat de plus grandes dimensions dont il avait entrepris d'acquérir l'entière propriété. Les contacts qu'il prit à l'époque avec les services du ministère de l'Air suscitèrent surtout l'intérêt de la direction des Forces aériennes, laquelle, estimant "l'affaire d'avenir et à ne pas laisser échapper", insista pour que l'État acquière sans tarder non seulement l'ensemble foncier déjà constitué mais aussi les parcelles permettant d'améliorer la forme et les dimensions de cette amorce d'aérodrome. La direction de l'Aéronautique marchande ayant finalement proposé de prendre à sa charge la moitié de la dépense, le ministre de l'Air décida, en août 1931, de donner une suite favorable au projet. Son service des Bases fit alors connaître au promoteur jusqu'où devait être repoussée la limite d'emprise et lui demanda de procéder lui-même à l'acquisition des parcelles pouvant être obtenues à l'amiable, les autres se plaçant par avance en position d'être ultérieurement expropriées. L'affaire suivant son cours sans précipitation, ce fut au tour de la direction de l'Aéronautique civile d'insister, en octobre 1933, pour que l'acquisition par l'État soit poursuivie avec célérité. Le terrain présentant "une utilité de plus en plus grande pour les services réguliers de Marseille et Toulouse à destination du Maroc et de l'A.O.F.", les améliorations qui devaient être apportées à l'aérodrome, en matière notamment de signalisation, de balisage et d'éclairage pour les vols de nuit, ne pouvaient en effet l'être tant que l'aérodrome resterait propriété privée. Relancé, le garagiste promoteur put en septembre 1934 remettre au ministère de l'Air une promesse de vente portant sur 32 ha équipés ainsi qu'un engagement de sa part à lui revendre, à prix coûtant majoré des frais d'actes, un complément de 11 ha alors en cours d'acquisition. Il ne restait plus dès lors à l'État, pour constituer l'ensemble (aplat bleu sur la carte), qu'à exproprier onze autres hectares et à acquérir trois hectares de terrains communaux. S'étant enquis auprès de l'administration des Domaines que l'offre qui lui était faite était acceptable, le ministre de l'Air approuva la promesse de vente en avril 1935. L'aérodrome put donc être aménagé la même année, à la demande de la compagnie Air France, pour servir d'escale aux lignes Marseille - Barcelone et Toulouse - Barcelone vers Casablanca. Il le fut pourtant en partie sur des parcelles non encore acquises, sur lesquelles l'État ne s'était donné qu'un droit très précaire d'occupation. Bien que l'enquête préalable à la déclaration d'utilité publique, qui fut prescrite en août 1934 par le Ministre de l'Air, n'eût soulevé aucune opposition, la procédure resta en suspens jusqu'à ce que la suppression de l'escale de Barcelone conduisît en février 1939 le ministre de l'Air à prescrire l'expropriation des terrains restant à acquérir sur la base des décrets-lois du 30 octobre 1935. La position géographique et les caractéristiques de l'aérodrome présentant un intérêt certain pour l'Armée de l'Air, 28 ha (aplat orangé sur le plan) furent réquisitionnés en janvier 1940 afin d'étendre son emprise vers l'ouest. Leur acquisition fut décidée en mars 1941 par le secrétaire d'État à l'Aviation du gouvernement de Vichy, qui fera appel en juin de la même année à la procédure d'urgence instituée par les décrets-lois de 1935 en application de la loi du 11 octobre 1940 tendant à simplifier les procédures d'expropriation pour l'exécution d'urgence des travaux destinés à lutter contre le chômage. Occupé ensuite par les Allemands, l'aérodrome de Lézignan ne reçut de leur part aucun aménagement structurant. |
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