Aérodrome mixte de MONTPELLIER - FRÉJORGUES (Hérault) devenu aujourd'hui aéroport de MONTPELLIER - MÉDITERRANÉE |
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L’un des objectifs du ministre de l’Air était, au début de la seconde moitié des années trente, de disposer près de Montpellier d’une plate-forme digne de son emplacement sur les itinéraires civils de Toulouse et Perpignan à Marseille et militaires de Bordeaux et Toulouse à Istres. Destiné à accueillir un Groupe aérien régional, cet aérodrome devait même, au titre de sa fonction militaire, avoir les caractéristiques permettant le stationnement éventuel d’une garnison.
Ainsi la décision de créer l’aérodrome de Fréjorgues fut-elle prise par le ministre de l’Air en mars 1937, en accord avec les collectivités locales qui acceptèrent de participer à l’opération pour la moitié de son coût. Par une seconde décision de novembre 1937, le ministre de l’Air prescrivit l’expropriation des 152 ha nécessaires (aplat orangé sur l’extrait de carte) selon la procédure d’urgence instituée par les décrets-lois du 30 octobre 1935. Rendue dès mars 1938 par le président du tribunal civil de Montpellier, l’ordonnance d’expropriation fut contestée pour ses estimations par les propriétaires concernés qui firent appel en août contre les décisions de la commission arbitrale d’évaluation. Les besoins de la Défense nationale ayant évolué, le ministre de l’Air prescrivit, à la même époque, l’expropriation de 64 ha supplémentaires (aplat vert sur le plan) afin d’accueillir à Fréjorgues le G.A.R. installé provisoirement à l’Or et comportant non plus une mais deux escadrilles. Le fait pour cette décision d’être intervenue avant qu’il ne soit statué en appel pour l’acquisition initiale eut pour effet recherché de conduire le tribunal à revoir sensiblement à la baisse les importantes indemnités de démembrement appelées par la première tranche. Il est toutefois à noter à cet égard que l’acquisition, non plus d’une partie mais de la totalité de la principale propriété concernée, obligea l’Administration à accepter la demande d’indemnisation déposée par son régisseur qui, "derrière son père et son grand-père, gérait seul sur place le domaine"… Rendue en mars 1939, l’ordonnance d’expropriation s’appliquant à cette première extension de 64 ha donna lieu à décision de la commission arbitrale d’évaluation en juillet de cette même année, de sorte que l’opération put être bouclée avant juin 1940. Le secrétaire d’État à l’Aviation du gouvernement de Vichy eut par contre à décider du sort à réserver aux terrains réquisitionnés pendant les hostilités pour l’extension du… quartier des sous-officiers. Examinée en 1941, la décision de réaliser leur acquisition posa la question de l’opportunité de procéder à celle d’autres terrains se trouvant à proximité et comportant, pour les uns, une élévation du sol susceptible d’être utilisée pour l’extraction de matériaux de remblais et d’être incorporés ensuite à l’extension du quartier des sous-officiers et, pour les autres, une bande de terre traversée par un canal de fuite. L’ensemble formant une superficie d’environ 7 ha (aplat bleu sur le plan), la décision du secrétaire d’État à l’Aviation prescrivant son expropriation fut prise en septembre 1941. Ces acquisitions purent toutefois être réalisées par voie amiable en début 1942. Doit également être mise à l’actif du secrétaire d’État à l’Aviation sa décision, exécutée avant l’arrivée des Allemands, d’établir en urgence une station radio goniométrique à proximité du terrain et sur l’axe d’atterrissage par mauvaise visibilité ainsi que, à 3 km au nord-ouest, une station radioélectrique émettrice. Prenant donc possession du terrain, les Allemands en agrandirent considérablement la surface (à l’intérieur des limites indiquées en bleu-vert sur le plan) et créèrent tout autour un réseau de voies de desserrement (les infrastructures allemandes sont reportées en noir sur le plan) dont la longueur cumulée atteignit plus de 10 km. Dès la Libération, le ministre de l’Air mit à l’étude un projet d’aménagement à Fréjorgues d’un aérodrome moderne appelé à répondre aux besoins civils et commerciaux de toute la région du Languedoc méditerranéen. Ce projet comportait, outre l’aménagement à la seule charge de l’État du terrain lui-même, l’établissement sur 5 km de longueur d’une grande voie reliant l’aérodrome à la ville chef-lieu, second volet intéressant, par contre, exclusivement les collectivités locales. Le département, la ville et la chambre de commerce s’étant aussitôt déclarés prêts à participer à la construction d’une autoroute dès lors que l’aérodrome serait affecté à l’Aéronautique civile et que les travaux le concernant seraient incessamment entrepris, le ministre de l’Air leur donna toutes assurances, précisant même que "les unités militaires qui y stationnaient n’étaient là que provisoirement et devaient être transférées ailleurs dès que les aménagements nécessaires auraient été réalisés" et qu’il avait "inscrit au programme de travaux du second semestre 1945 le lancement d’une piste en dur de 2000 m de longueur". En fait, ce ne sera que le 30 novembre 1946 qu’un arrêté signé par les ministres des Travaux publics et des Transports, de la Reconstruction et de l’Urbanisme, de l’Intérieur et des Finances déclarera d’utilité publique et urgente l’acquisition des immeubles nécessaires à l’extension définitive de l’aire d’atterrissage de l’aérodrome et la création d’une route reliant l’aérodrome à la ville. Cet arrêté s’appuiera sur la loi du 11 octobre 1940 tendant à simplifier les procédures d’expropriation pour l’exécution d’urgence des travaux destinés à lutter contre le chômage et permettant l’appel à la procédure instituée par les décrets-lois du 30 octobre 1935. |
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