L’origine de l’aérodrome de Mourmelon-le-Grand ne peut être séparée de l’installation d’Henry Farman en bordure du camp de Châlons d’où il effectua le 30 octobre 1908 "le premier vol mécanique de ville à ville" qui, en vingt minutes, le conduisit aux portes de Reims, à une distance de 27 km.

C’est également sur le camp de Châlons que le même Henry Farman forma en 1909 les quatre premiers pilotes militaires désignés pour voler sur les appareils de sa construction. En tête de ceux-ci figura le lieutenant Camerman à qui fut confié le premier commandement de l’École d’aviation militaire établie sur place en avril 1910.

Signalée et localisée sur les éditions de 1912 et de 1914 de l’Aéro-guide de l’Aéro-club de France comme sur celui de 1914 destiné aux aviateurs militaires, cette école d’aviation y apparaît comme ayant alors occupé la partie, comprise dans l’angle sud formé par la route de Bouy (actuelle R.D. 21) et l’ancienne voie romaine (interrompue entre les deux points fléchés en violet sur l’extrait de carte), de ce qui dans le courant des  années vingt deviendra l’aérodrome de Mourmelon-le-Grand.

Bien qu’il semble, en effet, que cette partie du camp de Châlons ait été occupée sans discontinuer depuis 1914, d’abord par un régiment d’aviation puis par la nouvelle Armée de l’Air, et que les installations et casernement liés à l’aérodrome aient été construits par le Génie entre 1926 et 1931, le terrain de Mourmelon ne figura pas davantage sur le guide Michelin des aérodromes de 1936 qu’il ne fit à aucun moment avant 1937 son entrée sur les listes publiées par le Bulletin de la Navigation Aérienne. Il apparaîtra surtout, par la suite, que n’intervint jamais, consécutivement à la loi du 3 juin 1933 portant organisation du ministère de l’Air, la remise à ce dernier des terrains constituant l’assiette de l’aérodrome (délimitée en bleu foncé sur le plan).

Après avoir accueilli une formation de la R.A.F. en 1939-40, l’aérodrome fut, en tant que tel, ignoré par les Allemands qui, il est vrai, n’avaient que l’embarras du choix dans le département de la Marne. Les Américains, par contre, y construisirent en 1944 une piste en grilles orientée E-N-E / O-S-O, de 1800 m de longueur, qui fut démontée à leur départ.

La Société nationale de vente des surplus ayant pris la relève, l’aérodrome fut "provisoirement" fermé à la circulation aérienne publique par l’arrêté ministériel du 6 février 1947 en raison du mauvais état de sa plate-forme. Cette sanction sera levée par l’arrêté du 9 mai 1953, après que le terrain ait été affecté à titre principal au secrétariat d’État aux Forces armées "Air" en  septembre 1949 et que l’Aéro-club de Mourmelon ait été autorisé par l’Armée de l’Air à y exercer temporairement son activité.

C’est à cette même époque qu’il sera momentanément envisagé d’aménager au même endroit une base aérienne O.T.A.N. Ce projet sera cependant abandonné du fait de la présence à proximité d’un champ de tir que l’Armée de Terre estimera ne pouvoir déplacer.

On réalisera alors que l’aérodrome n’ayant pas - comme souligné plus haut - fait l’objet d’un changement d’affectation en 1933, les 282 ha constituant son emprise restaient, comme le reste du camp, appartenir au domaine privé de l’État et non, comme il se devait, au domaine public aéronautique. La régularisation de cette situation interviendra en février 1959.

Les besoins fonciers de l’Armée de Terre coïncidant avec la décision de l’Armée de l’Air de fermer sa base de Mourmelon, l’aérodrome fera en 1965 l’objet d’une importante réduction d’emprise qui, toutefois, épargnera encore le maintien de l’activité des deux aéro-clubs établis sur la plate-forme. Celle-ci cessant d’être entretenue par l’affectataire principal resté militaire, les deux associations abandonneront finalement les lieux avant que la procédure de fermeture de l’aérodrome ne soit mise en route en 2001.