Aérodrome communal de TROYES - BARBEREY (Aube) | ||||
La création par la ville de Troyes de l'aérodrome de Barberey donna lieu à une convention avec l'État portant la date du 31 décembre 1932. D'une superficie de 42 ha, ce terrain (aplat vert sur la carte) était, par rapport au centre de l'agglomération et sur le même alignement, à mi-distance de l'emplacement de l'aérodrome, au sens premier du terme, que le Club aéronautique de l'Aube avait, avant 1914, aménagé à Saint-Lyé. En juin 1935, les nécessités de la Défense nationale conduisirent le Ministre de l'Air à décider de procéder à l'agrandissement d'environ 72 ha (aplat orangé sur la carte) du "terrain d'aviation" dont la convention de création lui réservait le droit d'usage. Décidant également de procéder "d'extrême urgence", il ne disposait pas encore, en ce mois de juin, des décrets-lois du 30 octobre 1935 et ne put se référer qu’à une circulaire, signée de sa main le 20 avril, qui utilisait tous les moyens législatifs et réglementaires alors en vigueur. Les choses se présentant jusqu'alors favorablement sur le terrain – le service local des Ponts et Chaussées avait ainsi pu, dès octobre 1935, soumettre à l'approbation ministérielle les promesses de vente portant sur plus des trois quarts des parcelles à acquérir – elles connurent un court temps d'arrêt, en avril 1936. En effet, les propriétaires concernés découvrirent alors la portée de l'engagement qu'ils avaient pris de fournir à l'État l'origine de propriété de leurs terrains ainsi que tous les renseignements accessoires indispensables à la rédaction des actes de vente. Les frais notariés avoisinant, pour les petites parcelles, le prix de vente, le ministre dut, cette situation n'étant pas prévue, décider de prendre en charge ces frais pour les parcelles dont la valeur était inférieure à 500 F. Les décrets-lois du 30 octobre 1935 étant entre temps intervenus, le ministre prescrivit en août 1936 et ce notamment en raison de l'existence d'héritiers interdits, l'acquisition pour cause d'utilité publique des parcelles dont le plan et l'état étaient joints à cette décision. Celle-ci fut, pour cette même raison de personnes interdites, doublée d'une autre, en décembre 1937, applicable aux parcelles devant être acquises pour améliorer les accès du "terrain d'opérations de Troyes - Barberey" par l'ouverture d'une voie desservant ses installations par le sud et l'ouest. L'installation à Troyes - Barberey d'une formation importante de l'Armée de l'Air – comportant notamment une escadre de chasse et trois groupes à deux escadrilles – conduisit le ministre de l'Air à décider en février 1939 d'acquérir 85 ha supplémentaires (aplat bleu sur le plan). Ces acquisitions devant être poursuivies en application des dispositions du décret-loi du 30 octobre 1935, la conduite de la procédure fut, s'agissant cette fois d'accueillir des casernements, confiée à la chefferie du Génie de Dijon-Air. La décision ministérielle prescrivant l'expropriation des terrains n'étant intervenue que le 31 mai 1939, cette procédure locale eut d'autant moins le temps d'être mise en route que des contestations soulevées sur les contenances parcellaires par plusieurs propriétaires conduisirent à confier à un géomètre le soin de procéder à un nouvel arpentage et de dresser une nouvelle désignation des immeubles à acquérir. Le département étant en zone occupée, le secrétaire d'État à l'Aviation du gouvernement de Vichy prit en septembre 1941 la décision de confier au service des Ponts et Chaussées de l'Aube le soin de poursuivre la procédure. Confié par le Génie à un géomètre, le travail préalable nécessaire ne fut remis qu'en mars 1942, de sorte que l'ordonnance d'expropriation ne put être rendue qu'en mai 1943. L'administration des Domaines n'ayant pu obtenir aucune cession amiable, l'expropriation concerna la totalité des parcelles. Tandis que l'indemnisation des fermiers sera achevée en début 1947, les actes d'acquisition ne seront, à la même époque, conclus que pour leur moitié. Aussi faudra-t-il attendre 1951 pour qu’ils soient traités en totalité. Avant d'aborder la période faisant immédiatement suite à la Libération, il convient d'indiquer que, après avoir occupé quelque temps l'aérodrome, les Allemands l'ont neutralisé et remis aux organisations civiles. C’est ainsi le terrain de Barberey put être cultivé en 1943 et 1944. En avril 1946, il fut décidé, au cours d'une conférence nationale relative à la situation domaniale des aérodromes métropolitains, d'acquérir les parcelles appartenant toujours à la ville de Troyes. Cette décision fut remise en cause par une autre conférence, en janvier 1947, au cours de laquelle la direction de la Navigation aérienne demanda que soit maintenu le statu quo relatif à cette situation domaniale. Invité par le Maire à débattre la question du statut du terrain, le conseil municipal de Troyes estimera, quant à lui en février 1950 qu'il était préférable de ne pas adopter de solution définitive et que, s'il n'était pas concevable que les deux parties de l'aérodrome fassent l'objet d'une exploitation séparée, il convenait de laisser provisoirement à l'État la jouissance du terrain communal "sauf à examiner à nouveau la question lorsque l'aérodrome de Barberey serait classé aérodrome régional". Cette position d'attente se révélant, à l'expérience, nuire à l'exploitation et au développement de l'activité de l'aérodrome, le conseil municipal de Troyes décidera en mai 1952 de faire apport gratuit à l'État, à titre de fonds de concours, du terrain qu'elle avait jadis acheté et aménagé "dans le seul but de favoriser le développement de l'agglomération par la pratique des sports aériens et en y attirant des services, des utilisateurs et des touristes aériens". Ce terrain devrait, par contre, rester affecté à l'usage pour lequel il avait été acquis et si, pour une cause quelconque, il venait à cesser de l'être, il ferait de droit retour à la ville. L'État devait en outre s'engager, d'une part à décharger la municipalité de toutes sujétions concernant l'aménagement et l'exploitation de l'aérodrome, d'autre part à en autoriser l'utilisation par les sociétés aéronautiques locales dans la limite compatible avec les règlements et les nécessités de la circulation aérienne. Cette solution entrera d'autant plus dans les vues du ministre chargé des Transports qu'un projet de loi était alors déposé qui posait en principe que, sous réserve des mesures qui pourraient être prises pour les aérodromes existants n'appartenant pas à l'État, les aérodromes ouverts à la circulation aérienne publique devraient obligatoirement faire partie du domaine public national. La proposition de la ville de Troyes aboutira donc, en avril 1953, à la remise à l'État de la partie de l'aérodrome appartenant à cette collectivité. |
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