Base transatlantique de BISCARROSSE - HOURTIQUETS (Landes) | ||||
Si, compte tenu des options déjà prises sur l’Étang de Cazaux et de Sanguinet, celui de Biscarrosse et de Parentis paraissait tout désigné pour offrir une tête de pont européenne aux hydravions transatlantiques, le choix fait en 1937 d’établir leur base dans l’anse des Hourtiquets le fut plus en raison de son accessibilité routière qu’en considération de sa position privilégiée sur le plan d’eau. Entrant dans le domaine privé de la commune de Biscarrosse, la partie nord de l’étang était en effet louée par celle-ci depuis 1930 à la société Latécoère (dont la zone des installations à terre est délimitée en bleu sur la carte) afin que cette dernière puisse, au-delà d’une bande littorale de 200 m, effectuer pendant 18 ans "toutes évolutions et manœuvres nécessaires pour la mise au point de ses appareils". Bien que le contrat n’en fit pas mention, la commune de Biscarrosse considérait que la société Latécoère disposait du droit exclusif d’utilisation des eaux de l’étang pour l’évolution des hydravions, droit dont il fut d'ailleurs convenu en 1936 que la durée serait prolongée de 18 années supplémentaires. Bien que la société Latécoère détint en vertu du même contrat la possibilité de céder ou de sous-louer son droit, à condition que ce soit pour le même usage, le ministère de l’Air n’était pas alors en bonne position pour négocier avec elle. Comme il écartait par ailleurs la voie de l’expropriation, la seule issue qui s’offrait à lui était la conclusion avec chacune des trois autres communes riveraines de l’étang d’un contrat de location semblable à celui passé entre la municipalité de Biscarrosse et la société Latécoère. Amerrissant au sud de l’étang, les hydravions pourraient alors rejoindre l’anse des Hourtiquets, soit en empruntant la bande littorale, soit même en traversant en hydroplanage la zone louée à la société Latécoère, compte tenu de ce que l’hydravion, restant au contact de l’eau, était en vertu d'un décret du 19 mai 1928 assimilé à un bateau de navigation intérieure et que l’exclusivité donnée à ladite société ne faisait donc pas obstacle à cette traversée. Les communes de Gastes, Parentis-en-Born et Sainte Eulalie donnèrent leur accord à la location souhaitée par le ministère de l’Air et les contrats purent être signés en octobre et novembre 1939. La guerre ayant été déclarée entre temps, la commune de Biscarrosse – qui au mois de mars avait pourtant délibéré en faveur de la cession du bail Latécoère à la société Bréguet - sentit qu’il était de son devoir d’adoucir sa position vis-à-vis de l’État. Ainsi décida-t-elle, par délibération du 9 octobre 1939, de mettre gratuitement la partie de l’étang lui appartenant à la disposition de l’État pour les besoins de la Défense nationale pendant toute la durée du conflit. Les difficultés que le ministère de l’Air rencontra sur la partie terrestre furent d'une tout autre nature. Tel qu'il avait été conçu en 1937, le projet d'aménagement de la base transatlantique comportait en effet deux phases qui devaient être achevées l’une à l’été 1938 et l’autre en juin 1939. La première comprenait l’aménagement du raccordement à la route militaire reliant le camp de Naouas à Biscarrosse, l’édification de deux hangars ainsi que la construction d’un slipway et de toutes les installations nécessaires au fonctionnement de l'ensemble. Intervenue en décembre 1937, l’approbation ministérielle de ce programme ne pouvait, compte tenu des délais, que conduire l’ingénieur en chef des Ponts et Chaussées des Landes à requérir de l’autorité préfectorale l’occupation temporaire des terrains nécessaires à sa réalisation. La régularisation de cette occupation semblait pouvoir être aisément réglée à l’amiable mais suscita toutefois chez les propriétaires le désir d’être indemnisés par voie d’échange de terrains, au motif avancé par la commune, elle-même concernée, que les parcelles occupées par la base appartenaient à une "forêt usagère" grevée d'une servitude perpétuelle au profit collectif des habitants de Biscarrosse. Les échanges souhaités par les propriétaires ne pouvaient toutefois viser que des parcelles du domaine national forestier, pour lesquelles l'administration des Eaux et Forêts fit connaître en avril 1938 son "opposition rigoureuse" à cette solution au motif que le domaine dont elle avait la gestion ne pouvait être amoindri hors cas de nécessité majeure, cas auquel ne saurait être ramené "la substitution d'un paiement en nature à un paiement en deniers". Les Eaux et Forêts acceptèrent par contre d’affecter au ministère de l'Air une superficie de 26 ha (aplat vert sur la carte) qui devait être immédiatement aménagée pour les besoins de la base. Les 42 ha de terrains particuliers appartenant à la forêt usagère purent, faute de pouvoir être échangés, être acquis par voie amiable sur les bases fixées par l'administration des Domaines. Les petites parcelles communales entrant dans ce même ensemble (aplat rouge sur la carte) furent dans le même temps cédées gratuitement à l'État. L’affectation au ministère de l'Air de cet ensemble de terrains de même que le transfert officiel à son profit des 26 ha de forêt domaniale furent toutefois rattrapés par les événements de juin 1940. |
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