Aperçu historique sur la naissance de L’I.G.N Pour matérialiser l’implantation des terrains d’aviation tout au long du XXe siècle, Jean Sauter a utilisé les fonds de carte de l’Institut géographique national. L' I.G.N est depuis 1966 un établissement public de l’État à caractère administratif, placé sous la tutelle du ministre chargé de l’équipement. Il est actuellement régi par le décret n° 81-505
du 12 mai 1981 modifié, notamment par décret L’I.G.N. a pour vocation générale de décrire, d’un point de vue géométrique et physique, la surface du territoire national et l’occupation de son sol, d’en faire toutes les représentations appropriées et de diffuser les informations correspondantes. L’I.G.N. a été créé le 1er juillet
1940 pour succéder au Service géographique de l’Armée
qui lui a légué l’ensemble de ses moyens en hommes
et en matériels. Le général Hurault, directeur du
S.G.A. depuis le Avant l’I.G.N, le S.G.A. Le S.G.A. avait été créé en 1887 par le colonel François Perrier, géodésien de renom. Il avait reçu mission d’établir la représentation cartographique du territoire national à une époque où se développaient le tissu industriel de la France et son réseau de communications. Il devait toutefois donner la priorité aux besoins cartographiques militaires, notamment à la constitution de cartes des régions frontalières de l’est et du nord-est du pays. La tâche majeure du S.G.A. était d’établir la nouvelle carte de France à l’échelle du 1 : 50 000 à partir d’un réseau géodésique et d’un niveau de nivellement entièrement rénovés servant de canevas à des levés topographiques à 1 : 10 000 puis à 1 : 20 000. Destinée à remplacer progressivement la carte dite de l’état-major, la nouvelle carte de France devait être polychrome et comporter une représentation du relief par courbes de niveau. En 1914, faute de moyens suffisants, 50 feuilles seulement sur les 1500 prévues avaient été publiées. Le processus s’accéléra à partir de 1922, grâce à la réduction de 14 à 5 du nombre de couleurs d’impression ainsi qu’à l’amélioration des techniques de lever par l’introduction progressive de la photogrammétrie. Les travaux de terrain – triangulation géodésique et levés topographiques – étaient confiés à des militaires, officiers et sous-officiers volontaires de toutes les armes, détachés de leur unité pour une durée limitée et qui recevaient dès leur arrivée au S.G.A. une formation accélérée. Les travaux de dessin et de gravure en atelier étaient exécutés par des professionnels civils, les artistes cartographes, recrutés par concours et formés à l’école des dessinateurs cartographes du service. La photogrammétrie Cette technique, mise au point après la première guerre mondiale par l’ingénieur Georges Poivilliers, consistait à prendre une série de clichés du terrain en vol horizontal en veillant à ce que deux photographies successives possèdent en commun une même portion de terrain. Les vues étaient prises à l’aide d’une chambre de prises de vue aéroportée et dont l’objectif avait son axe calé sensiblement suivant la verticale. L’examen par une lunette binoculaire stéréoscopique de deux clichés voisins permettait ensuite, grâce à la connaissance préalable des coordonnées de certains points visibles sur les photos et à un mécanisme de calage numérique lié aux deux chambres d’examen, de restituer une image plane, horizontale et réduite au niveau zéro de la portion du terrain considérée. Cette technique constituait un progrès considérable par rapport au lever topographique traditionnel, dans lequel un opérateur à pied ou à bicyclette, muni d’une planchette à trépied et d’une règle à éclimètre lui donnant angles de pente et distances par visées sur un jalon vertical tenu par un aide, parcourait chaque hectare de terrain de la zone à lever. Mais le procédé aérophotogrammétrique nécessitait une flotte d’avions aménagés pour la prise de vues à axe vertical à intervalles de temps programmés et donc munis d’un système de navigation adapté. Cela supposait également un personnel aéronautique hautement qualifié (pilotes, navigateurs, photographes) et une importante assistance au sol : ateliers de maintenance aéronautique, laboratoires photographiques, station météorologique et de liaisons radio. Enfin, l’exploitation cartographique des photographies impliquait des ateliers comportant des appareils de restitution ainsi que des dessinateurs et des “compléteurs “ chargés d’établir à partir de la stéréominute issue de la restitution la minute définitive du levé, elle-même transmise aux cartographes chargés de l’impression des planches. La fin du S.G.A. Avec l’aérophotogrammétrie, la cartographie passait du stade artisanal au stade industriel. La mission cartographique nationale impliquait désormais un organisme doté de moyens modernes, d‘une autonomie de gestion suffisante et d’un personnel stable. Dès sa prise de fonctions, en août 1937, le colonel Hurault mit en chantier un projet de réorganisation complète du S.G.A, proposant notamment de fixer dans un cadre permanent les personnels militaires détachés auprès du service. Le décret du 1er décembre 1939 réorganisant le S.G.A. reprit en partie ses propositions. Le S.G.A., qui de 1930 à 1937 avait eu recours pour les photographies aériennes à des entreprises privées puis aux services de l’Armée de l’Air, avait obtenu en 1938 la création d’une unité militaire spécialisée ayant pour mission l’exécution des prises de vue nécessaires aux opérations photogrammétriques. Le « Groupe de Marche du S.G.A. », basé à Toulouse - Francazal, comprenait 19 personnes qui exploitaient trois Potez 540. Ces avions militaires de bombardement et de reconnaissance possédaient une vitesse de croisière de 250 km/heure, un volume intérieur important et un poste de navigation bien dégagé à l’avant. Le Groupe de Marche, doté d’un appareil supplémentaire en 1939, effectua de nombreuses missions sur les théâtres d’opérations. Il fut dissout en 1940, mais son matériel put néanmoins être conservé. Lors de l’entrée en France des troupes allemandes, le 10 mai 1940, le général Hurault fit replier en toute hâte sur Bordeaux les éléments du S.G.A. implantés à Paris et Saint-Germain-en-Laye, mais ne put empêcher la saisie par les troupes allemandes du matériel lourd. Après l’armistice, le personnel militaire du S.G.A. quitta Bordeaux pour Sainte-Bazeille (Lot-et-Garonne). Le personnel civil resta à Bordeaux tandis que les formations topographiques des armées étaient regroupées à Montauban. Le général Hurault parvint alors, le 27 juin 1940, à faire signer par le dernier gouvernement de la Troisième République le décret supprimant le S.G.A. et créant l’I.G.N., dont il devint le premier directeur. La création de l’I.G.N. La loi du 14 septembre 1940 fixa la structure du nouveau service, rattaché au secrétariat d’État aux communications. Elle fut complétée par la loi du 8 avril 1941. Mais ce fut le décret pris le même jour qui constituera durant 25 ans le socle de la gestion des personnels de l’I.G.N. Il créa en particulier l’Ecole nationale des sciences géographiques. Le directeur de l’I.G.N. réussit ensuite à obtenir de façon progressive le regroupement des anciennes unités du S.G.A. et la récupération de ses anciens locaux. A l’automne 1940, le général Hurault avait lancé un projet consistant à réunir à Saint-Mandé les principales unités du service : mais les premiers travaux ne débuteront qu’en 1945. Le bâtiment affecté à la photogrammétrie sera terminé en 1950 et celui destiné à la géodésie et à la topographie en 1958. Dès les premiers mois de 1941, l’I.G.N. entreprit de reconstituer son escadrille, sous le nom de « section de photographie aérienne », avec à nouveau quatre avions Potez 540, dont deux basés en Afrique du Nord. Mais l’unité disparut à nouveau en 1942. Le décret du 8 avril 1946 confirma l’I.G.N. dans son statut de service public civil, chargé d’exécuter pour le compte des différents ministères civils et militaires les travaux d’intérêt général dans les domaines géodésique, topographique et cartographique. Le développement de la flotte aérienne de l’I.G.N. A la fin de la guerre, l’I.G.N. organisa un service de la photographie aérienne équipé de 6 NC 701 qui devaient être principalement utilisés pour les prises de vue en métropole. Les NC 701 étaient des bimoteurs légers, qui disposaient d’un plafond théorique de 7500 m et d’une vitesse de croisière de 325 km/h. Une large cuve située au centre de la cabine permettait l’utilisation de différents types d’appareils photographiques et une fenêtre latérale offrait la possibilité de prendre des clichés obliques. Deux NC 701 furent détruits dans des accidents en 1946 et 1947, le premier à Vichy et le second dans la région de Saint-Étienne. Les quatre autres restèrent en service jusqu’en 1959 (ils seront remplacés par des Hurel Dubois 34). Les NC 701 évoluèrent dans l’hexagone au départ du Bourget, de Palavas, Vichy, Cannes, Cherbourg, Creil, Cognac, Toulouse, Strasbourg et en Afrique du Nord. L’un d’entre eux fut même démonté afin d’être acheminé par voie maritime aux Antilles pour une mission photographique. A partir de 1946, et dans l’attente de la mise au point du SE1010, avion photographe quadrimoteur conçu pour les vols de longue durée et à haute altitude, l’I.G.N. fit adapter des bombardiers LéO 451 aux besoins de la photographie aérienne. Les LéO 455 PH entrèrent en service en 1949 et les LéO 453 en 1951. Ils seront utilisés jusqu’en 1955. En 1947, les escadrilles de l’I.G.N. s’installèrent à Creil, sur une base mise à leur disposition en octobre 1946 par le secrétariat général à l’Aviation civile et commerciale, dans des infrastructures datant de l’occupation. La même année, L’I.G.N. fit l’acquisition de quatre B 17, les « forteresses volantes », bombardiers de la deuxième guerre mondiale. L’accident survenu en 1949 au prototype du SE1010 entraîna l’abandon du projet et conduisit l’I.G.N. à acquérir 10 B 17 supplémentaires. Le B 17, qui pouvait être adapté aux besoins de l’I.G.N. sans modifications de structure importantes, sera longtemps le seul vecteur capable de remplir les multiples missions du service : photographie, télémesure, soutien logistique du C.N.E.S. à Kourou, étalonnage des stations de poursuite des satellites, observation du ciel nocturne, étude d’ionisation de l’atmosphère… L’I.G.N. emploiera le B 17 jusqu’en 1983. Enfin, l’I.G.N. avait également acquis en 1948 auprès de l’Aéropostale deux Junkers 1952 qui furent utilisés pour des missions de transport entre la métropole, l’Afrique du Nord et Madagascar. 1947 : vers l’expansion La période qui s’ouvre pour l’I.G.N. en 1947 est une période faste, au cours de laquelle l’Institut va connaître une croissance continue de sa production et de ses moyens. Les pouvoirs publics engagent la reconstruction du pays. Les crédits sont abondants et l’I.G.N. va entreprendre l’équipement cartographique des « territoires d’Outre-mer » et « des territoires associés » de l’Union Française. Grâce aux contributions financières dont il bénéficie, de la vente des cartes et des travaux sur commande, l’I.G.N. va recruter, s’équiper, mais aussi entreprendre les travaux nécessaires au regroupement à Saint-Mandé et à l’équipement de la base aérienne de Creil. En métropole, l’I.G.N. sera chargé d’établir la nouvelle carte au 1 : 50 000 en couleurs et courbes de niveau. Il établira aussi la carte au 1 : 50 000 en Afrique du Nord et harmonisera par ailleurs les cartographies disparates des territoires d’outre-mer. A sa mission de service public, dite « de vocation », l’I.G.N. ajoutera des travaux « spéciaux » (ou travaux facturés) pour différents services publics et entreprises, nationaux ou internationaux, et procèdera désormais à des ventes aux administrations comme aux particuliers. L’I.G.N. achèvera en 1953 la couverture photographique aérienne systématique initiale au 1 : 25 000 du territoire national et en 1957 le réseau géodésique « primordial » de la France métropolitaine commencé en 1871. Le 8 août 1956, le général Hurault cèdera la direction du service à l’ingénieur général Rumeau, au terme de 19 années passées à la tête du Service géographique de l’Armée puis de l’Institut Géographique National. Pierre Lauroua d’après Les cahiers historiques de l’I.G.N., 1940-1990, une histoire
mouvementée , par Alain Sinoir, avril 1999 |
||